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gnagnagna le long d'une ou deux nuits par Tcherenkov

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Les avant bras de Peau Dorée sont fins et couverts d’éclats de caramel, une pluie de boucles blanches éparpillées sur mon oreiller, Peau Dorée est dans mon lit depuis quatre jours et voilà que je ne sais plus quoi en faire. Je pourrais lui dire que j’attends de la famille ou que je commence les travaux de réfection de mon toit dès demain, mais je mentirais. Je vais être sincère, il va me prendre pour une femme instable et capricieuse, il ne comprendra pas pourquoi je lui chantais que sa peau toute ensoleillée était si agréable à caresser, et que presque aussitôt je ne sache plus qu'en faire. - Mon corps t’appartient Le problème avec les corps, c’est qu’ils représentent une surface imaginaire très limitée. - je vais te prendre comme ça - D’accord. Passe le plaisir - La prochaine fois que tu sors, tu ne mettras pas de culotte - D’accord Passe le plaisir C’est bon comme un plat de fruits de mer, ça se mange à peu près à la même vitesse, et lorsqu’on a fini le plat on ne souhaite qu’une chose, qu’on nous enlève le plateau rempli de coquilles vides. Qu’une chose : quitter la table et aller s’allonger seul quelque part pour dormir. Qu'une chose : reprendre son imagination là où on l'a laissée. On était alors dans une histoire extraordinaire où des femmes rêvaient de partir au Congo, on grimpait sur des montagnes couvertes de cabanes dans lesquelles on se racontait des conneries au kilomètre. On riait si fort que ça faisait tomber les feuilles des arbres. Je ne comprends pas pourquoi il est encore là. Quelque chose chez Peau Dorée ne tourne pas rond. Jamais personne ne reste plus de trois jours suspendu à ma présence. Car il ne faut pas croire que je sois d'une présence si passionnante. Généralement ils s’ennuient en même temps que moi et cela donne quelque chose d’harmonieux. Nous nous aimons avec enthousiasme, puis nous nous oublions au diapason. Je vais être obligée de lui dire que je ne sais plus que faire de sa présence, il va me prendre pour une femme égoïste, aux sentiments durs et épais comme de la corne, il ne comprendra pas pourquoi je lui ai dit que ses yeux si verts m'évoquaient deux printemps penchés sur le lac de Constance, et qu'à peine une petite journée plus tard je sois plongée dans mes chkreugneugneu à épisodes. Le cinquième jour, Peau Dorée admet une défaillance dans l'objectif annoncé ("un petit tour et puis s'en va - Ainsi sans attache, serons nous plus nus, gnagnagna le long d'une ou deux nuits"). - Je dis toujours ça au début. Après ça peut changer. Peau Dorée rêve en réalité d'une histoire qui durera très longtemps, nous serons d’abord dans les jeux sexuels, puis ensuite nous tisserons des tas d’autres sentiments qui consolideront notre union, nous écrirons ensemble les pages ordinaires de l'existence et des trains nous emmèneront sur des plages de temps à autre, car il n'a pas de voiture et moi non plus. Nous aurons deux jolis linges cabine jaune canari. Je ne comprends rien aux hommes ni aux femmes. Heureusement, car sinon je ne les aimerais pas autant. Je caresse ses yeux verts et avec toute la douceur dont je suis capable, je réponds non, ce n'est pas possible. Ensuite j'écris à mon amant de Septembre, celui qui m'emmènera tranquillement vers celui de Novembre, qui m'emportera lui même jusqu'à celui de Noël avec ses boules qu'il m'offre régulièrement pour mettre sur mon sapin. - Tu devrais réfléchir un peu plus au sens de ton existence" Peau Dorée a griffonné ça sur un ticket de caisse de Franprix juste avant de partir. Il n'a pas tort ; se promener sans culotte ça permet certes de sentir le sens du vent, mais juste du vent. Cela dit, une fois que j'aurai compris le sens de mon existence, je me demande bien ce que j'en ferai. Peut être que je l'utiliserai de manière à ce que ça soit visible, comme un vêtement, qu'on puisse dire en me regardant : celle là, elle a trouvé un vrai sens à son existence. J'aurai de nouveaux amis, parce que les gens cherchent sans doute des hommes et des femmes avec qui passer du bon temps dans les lits mais pas seulement. Ils sont nombreux à se dire : mais qu'est ce que je fous là, ou qu'est ce que tu fous là, ce qui revient à peu près au même, ou encore : il est minuit, je n'ai rien fait de ma journée et voilà qu'elle est morte. Il arrive qu'ils en aient marre de passer leur temps à enterrer des journées, alors ils tombent sur quelqu'un qui a trouvé un sens à son existence et le brandit comme un étendard. Aussitôt, ils mettent leur main devant leurs yeux tellement ils sont éblouis par le sens de l'existence qui s'affiche devant eux, alors qu'ils n'arrêtent pas de gratter la croûte de leurs incertitudes pour y chercher de bonnes raisons de vivre. Et cela les rend peut être un peu heureux. Moi, vu qu'on ne me dit plus : "comme tu es belle !", si on me disait : "comme t'as trouvé un sens à ton existence !", ça pourrait faire comme un nouveau chkreugneugneu à épisodes. Cela étant dit, vu le nombre infini de sens possibles, je ne suis pas certaine que ma vie soit si insensée que cela. Le sens de ma vie, c'est peut être d'être une fuite de tuyau. Il est bien connu que le tuyau ne prend son sens que dans la fuite, c'est à ce moment là qu'on le tient à pleine mains, qu'on est tout entier dans sa présence. D'accord, ce n'est pas très excitant, ça attire moins les amateurs de transcendances, mais c'est tout de même mieux que rien. Et puis ça me fait quand même un petit sensounet, et les petits sensounets font aussi les grandes rivières, y'a pas de raison, surtout lorsqu'il s'agit de fuite (j'entends le hin hin de l'autre là bas :)

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