J'ai marché, pas envie de rester à la niche ce soir,
marché dans ma petite campagne qui n'est pas pire qu'une autre.
C'était entre chiens et loups
pas âme qui vive, tous dans leur maison
derrière leurs écrans ou derrière un bouquin ou autre chose va savoir.
Les rois de la rue ce sont les chats
ils trônent assis au milieu de la chaussée
j'en débusque un derrière un bosquet
qui s'affole à mon passage et s'enfuit comme un dératé.
Un plus hardi s'avance vers moi et me lance un regard courroucé
« Street, qu'est ce que tu fais là ? »
« On se connait ? » je lui réponds sans ciller feignant de trouver normal qu'un chat puisse parler
« moi, je te connais, il m'est arrivé de fréquenter tes poubelles qui je dois le dire
sont plutôt maigres »
je décide de le snober ce chat de gouttière mal poli
« où vas tu ? » revient-il à l'attaque
« dans un petit coin tranquille, quelques champs coincés entre des maisons
où je vais parfois regarder le soleil qui se couche »
« il est trop tard ce soir !»
« pas grave, j'aime bien y aller aussi à la nuit tombée»
Apparemment il a décidé de s'inviter à la promenade le matou,
voilà qu'il vient même se frotter contre mes jambes.
Je préférerais une main, une main dans la mienne
je peux même l'imaginer, sentir son poids, sa forme, sa chaleur
le matou revient à la charge
« hep à quoi tu penses ? »
je rêve au corps qui va avec la main, le corps qui marcherait à mon pas
bien sûr je ne le dis pas au chat
« je rêve à une sardine» je lui réponds.
Voilà qu'il miaule de plaisir, il ronronne : « je savais qu'on était fait pour s'entendre, c'est mon rêve préféré.»
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