Ce premier film indé*, avec un John C. Reilly proviseur de lycée entouré de remarquables jeunes acteurs, est à ne pas manquer.
Remarqué dans plusieurs festivals il est sorti en France en plein été, par manque de courage de son distributeur. Car sa place était vraiment maintenant, en ces jours de rentrée des classes. Le bouche à oreille fonctionne : il est encore en salles, mais pas pour longtemps peut être.
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Terri est un adolescent maladroit, en surpoids - mais là n'est pas la question centrale du film - qui vit chez son oncle James, marginal et malade - peut être un peu plus la question. En manque évident de figure parentale, il occupe son "hors temps scolaire" avec des activités solitaires, du genre jeux interdits. Il prend soin de James, qu'on devine atteint d'Alzheimer, avec douceur, attention et respect.
Un jour il décide de se rendre au lycée en pyjama. Peu le remarquent précisément.
Alors il continuera, parce que c'est plus confortable.
Terri c'est le type d'ado harcelé par ses pairs quoi qu'il arrive, en pyjama ou non... et ces pairs de sexe masculin traversent la pire période de l'adolescence, celle d'une testostérone incontrôlée et parfois peu respectueuse de l'autre.
Heather, une jolie fille précoce découvrira à ses dépends ce mépris. Mise au ban du lycée pour avoir "fauté", elle s'aperçoit que Terri ne mange pas de ce pain là.
Il voit tout, ressent tout, et reste lui même car il a depuis longtemps renoncé à plaire.
Et ce film peu bavard nous attache à son regard sensible et singulier.
On aura du mal à l'oublier, Terri - la preuve : j'y pense encore.
Entre en scène l'autre personnage principal, le proviseur, John C. Reilly, un pédagogue pas comme les autres. Il va convoquer Terri d'abord parce qu'il arrive de plus en plus tard en classe.
Parce que Terri, l'hyper sensible, décroche.
Et le film dés lors, raconte l'histoire de cette relation unique, entre le pédagogue hors normes, l'élève non moins hors normes, et quelques autres en phase d'apprentissage, de la pulsion de mort à ce que ça fait quand quelqu'un meurt vraiment, et de la relation à leur corps, à la vérité et son proche parent, le mensonge...
Le film, bien qu'américain, et c'est là tout son mérite, ne distille aucun discours de morale pré-construite. Nous ne sommes pas dans "Will Hunting" de Gus Van Sandt, ni dans "Le cercle des poètes disparus"... C'est autre chose qui se joue, de moins "dit".
Filmé avec délicatesse, avec une bande originale vraiment originale, dans une lumière naturelle qui nimbe les plans sobres d'une beauté précise, pas si simple, c'est l'oeuvre d'une équipe de jeunes cinéastes qui témoignent d'exigences humaines et artistiques salutaires.
Et c'est une oeuvre qui reste très accessible à tous.
On peut voir Terri avec "son ado", avec sa grand-mère, avec son ami(e)... avec qui on veut, vraiment, pourvu qu'il/elle aime les VO sous-titrées: suite à la séance, la discussion sera forcément riche.
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* comprendre independent, "indie" pour les américains familiers du festival de Sundance, où le film fut d'ailleurs en sélection en 2011, avant Locarno et Deauville...
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