Demain c'est mercredi.
Mercredi gris.
J'ai cueilli une brassée de voyelles
Jeté des passerelles entre nénuphars
Erré au fond de jardins de papier
Mémoire d'encre, geais de plume
Ombres félines, Caresses oranges
Soupirs, sourires et rires d'ambre
Demain c'est mercredi
Mercredi gris
J'ai cueilli des voyelles
Jeté des passerelles :
"Pleurer, pleurer doucement, lentement avec application, entêtement
Pleurer sans peine, pleurer des moissons d'oraisons
Pleurer en infinies litanies
Pleurer l'inaccompli
Rouler des larmes sans tambours ni trompettes
Pleurer sans bruit, pleurer sans cesse.
Un jour sans pluie, pleurer contre le ciel bleu
Pleurer l'amère saveur, la douceur de mon aveu.
Pleurer l'absence de toi, l'absence de Dieu.
Rager contre cette pleine et entière évidence
Rager contre toutes les infertiles présences
Prier les dieux païens à en crever les cieux
S'enrayer la gorge pleine des baisers de ta bouche
Rougir, Rugir de ce tout désir qui me touche
Désirer, désirer sans toi, te reprocher d'inexister
Roi qui ne règne pas et ne cesse de me gouverner
Je bois autant qu'ils m'animent tous tes profils
Et je ne sais plus qui s'exile, qui demande asile
Et toi jeu fragile, tu sembles la réponse à la question facile
Tu me réponds dans l'accroissement de mon souffle immobile
Toi, l'ange des certitudes, tu sembles tantôt m'apprivoiser tantôt me défier
Erg subtil, reg émotif, sublime asile où je semble m'aliéner.
Je te sens frissonner d'extase, exquis fuyard de mes fantasmes
Tu souris quand je me creuse, tu te loves dans mes replis d'âme
Tu t'inscris dans ma mémoire
Tu ériges mon espoir
Et je ne sais plus qui de nous parle,
Tout ton silence fait tant de vacarme
Et je ne sais plus qui de nous choisit
Qui de nous écrit
Dans mon désir je puise
Dans mon désir je m'épuise
Je te sens surgir en mille lieux, au cur de moi, en plein milieu
Omniprésent, silencieux, exigeant, douloureux, sans relâche amoureux
Je te devine, tu te dessines, tu t'imprimes dans ma mémoire en creux
Je te parle, tu me charmes, tu regardes, tu vois à travers mes yeux
Tu chemines sur ma raison, tu montres à quel point je t'appartiens
Tu désignes les faux-semblants, je rebondis sur ces regards qui ne sont pas tiens
Tu m'habilles d'un rien, tu me déshabilles surtout, je ris d'un rien, je souris surtout
Nous habitons nos riens, nous annihilons un à un nos tout
Ensemble nous voyellons, nous cueillons des étoiles et des perles
Nous renaissons de plaines en pluie, d'océans en rivières
Tes yeux surveillent le silence tout autour de mon ventre
Tu me frôles, je me dévide, contre toi je tremble et me recentre
La chair de mes fruits mûrit dans ton souffle, patiente
Tu me bois noyée, sucrée, chaude et fondante
J'étreins un à un tous tes nuages
Tu te glisses en moi d'orage en orage.
Tes mains essoufflent mes seins
Tes reins épousent les miens
Tout mon corps se distille
Calice, pistil, étamines
Sépales, pétales, tout s'envole
pâles corolles
Tout résonne, tout carillonne
Tout sonne
En diffus angélus
Tout rayonne
Tout horizonne
La même latitude
Tout se rejoint
Tout s'étreint
Tout est plein
Tout est serein
Je te tutoie
Toi
Je me rudoie
De mes seuls doigts
Tu me baises
Et tu me désertes
Tu m'habites
Et tu me vides.
Tout me laisse
Tout se dresse
Quoique je fasse
Toute à la masse
Toute à la messe
Mes seins mes fesses
Toute à la masse
Toute à ma
Toute à ma
Masturbation...
Ensemble nous voyellons
Ensemble nous cueillons..."
V.V
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