J'ai croisé E...Elle était attablée, au bar tabac ,de la place du Palais.
Elle a rougi lorsqu'elle m'a vue. Elle semblait embarrassée.
Je me suis néanmoins approchée, l'ai embrassée, et lui ai demandé comment allait sa vie.
Elle s'est animée ,et rassurée, un flot de paroles a déboulé de ses jolies lèvres
Mais de toi , mon amour, elle ne m'a rien demandé...
Elle m'a proposé un café. J'ai décliné l'invitation, prétextant un rendez vous urgent.
J'aimais et j'aime cette jeune fille ...
Je me suis pourtant éloignée avec dans la tête , le souvenir de ce dimanche ou tu étais si désespéré
Mon portable sonne.
Le prénom de mon fils s'affiche sur l'écran. Je suis heureuse, il n'appelle pas souvent le brigand!
Et puis immédiatement, sa voix...Tremblotante, saccadée, hachée, pleine de sanglots
Je hurle malgré moi! Que se passe t il ?
Maman... halète t il... Maman!
Je n'arrive pas à lui tirer d'autre mot que Maman et je me mets à pleurer de concert sans savoir pourquoi.
Calme toi, lui dis je. Essaie de m expliquer. Tu n'as rien? Tu n'es pas blessé?
Nooon! hoquète t il.C'est E...Elle m a largué , parvient il à articuler
Je respire, j'ose l'avouer
Peu à peu il parvient à me raconter .Son récit est douloureusement, entrecoupé de larmes
J'ai mal pour lui , pour mon petit qui souffre...Mon petit qui a un chagrin d'amour
J'essaie de le réconforter...Voyons c'est peut être passager...Vous êtes disputés? Elle va revenir, ne t'inquiètes pas
Non, elle ne reviendra pas, Maman...Et moi je fais quoi là? je ne peux pas vivre , je ne veux pas vivre sans elle.
Il raccroche...Affolée, je recompose son numéro. Messagerie!
J'attrape mon sac , je cours à la voiture et démarre comme une folle
Je sonne à l'interphone de son immeuble dans un état quasi hystérique
Heureusement ..Il me répond ,et m'ouvre
Je le trouve prostré en larmes sur son divan
Je le serre dans mes bras, l'embrasse , lui caresse les cheveux. Lui, d'ordinaire si réticent et pudique, se laisse câliner, entourer
Cela fait si longtemps...que je n'ai pu le toucher ainsi. Je le revois petit....Quand il avait un gros chagrin, il se réfugiait dans mes bras ne me lâchait plus et souvent s'endormait ainsi,épuisé par les pleurs.
J'étais alors dotée d'un grand pouvoir...J'arrivais à le consoler.
Et maintenant que faire, que dire...Comment l'apaiser?
On parle ,on fume, je lui fais du café. Il est dévasté. Maudite et violente,sale douleur!
Je ne lui sors pas le couplet sur l'apprentissage , l'expérience et la capacité d'oublier!
je ne lui conseille rien. Je ne lui serine pas de relativiser
Je ne lui dirai pas...Que cela va passer
Submergé tel qu'il l'est par le chagrin de cet amour perdu. Oser lui parler d'une renaissance ,serait sarcastique et indécent .
C'est ainsi ...Il va vivre ,le mal-être, la tristesse , la remise en question.
Il va éprouver ce sentiment du vide, cette sensation de se sentir incomplet .
Il va souffrir longtemps, je le sais...Un grand amour s'oublie difficilement , même à vingt ans!
C'est ainsi ... et je me sens terriblement désarmée
Mon enfant souffre et je ne peux que bercer sa douleur
Mon enfant souffre et je ne peux rien y faire
Impuissante à le protéger des maux de la vie. Impuissante à le soulager
Je ne suis plus sa fée..Je ne puis que de mon amour ,l'assurer.
Mon enfant, mon bébé qui contre moi, s'endort...
Pourvu que le sommeil l'isole du chagrin ,qu'il l'épargne un instant...
Le temps que son cur brisé reprenne quelques forces pour affronter le manque.
Et s'y habituer.
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