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Au hasard d'une rencontre... par The Dreamer

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21 novembre 2004 - J’étais parti en virée avec mon beau-frère en ce froid et pluvieux après-midi. Malgré les nombreux appels infructueux à divers refuges (plus de 25 en deux jours), j’avais gardé espoir et étais bien décidé à adopter un compagnon à quatre pattes. En poussant la porte de bois du dernier refuge que j’avais appelé : «c’est le dernier, si cette fois, on m’oppose le fait que je ne vis pas en région parisienne ou que je ne gagne pas assez, je laisse tomber…». J’hésitais entre un chat adulte et un chaton. Le hasard m’obligea à opter pour la première solution. Tous les rejetons qui avaient élus domicile contre leur gré, dans cette SPA de Seine et Marne étaient malades : le coryza. Les pauvres avaient le nez goutteux et des yeux de lapin albinos. Enveloppés dans une couverture pliée en quatre qui les contenaient tous les six : chat tigré, uni, chartreux… et oui, même un chartreux. La responsable du refuge m’avait dit qu’ils recevaient de plus en plus d’animaux de race. Leurs maîtres les achetaient auprès d’éleveurs, un prix exorbitant pour faire plaisir au petit dernier et s’apercevaient au bout de quelques mois, que le colis était devenu trop encombrant. Je suis resté longtemps à observer du coin de l’œil, les allées et venues des uns et des autres. Depuis un bon moment, je me faisais draguer par un petit blanc au poil ras qui me passait entre les jambes en ronronnant à en faire trembler les murs. Le grand amour… en tout cas pour lui. Déjà deux heures que j’étais assis à même le sol à converser avec chacun. Lorsque la porte s’ouvrit doucement : «alors, avez-vous arrêté votre choix !» «Non, difficile, ils sont tous tellement beaux !» - Je m’entends encore lui dire : «Je voudrais un chat qui soit calme, d’un bon caractère…». La réponse fusa : «Prenez, Piwi… !» - Je la regardais interloqué, en pensant : «Quel drôle de nom !» «Lequel est-ce ?» - «Celui là !» - Elle me désigne d’un doigt assuré, un chat isolé. La première rencontre - Il était là, au milieu de vingt autres chats, à mes yeux pas différent de ses autres infortunés compagnons. La truffe collée à une baie vitrée, seul dans son coin, regardant un petit carré de verdure entouré de grillages. Je me suis enfin décidé à m’approcher de ce gros chat norvégien de 3 ans ½ et 7 kilos. Impressionnant et digne, à la robe noire et blanche, à la collerette le faisant ressembler à ses grands d’Espagne portant la fraise. Lorsque je l’ai appelé, il a tourné vers moi sa grosse bouille et placidement s’est approché de ses grosses chaussettes blanches. Impression de douceur et de calme. J’ai tout de suite remarqué la tache blanche si étonnante qui lui faisait un grand «C» tout autour de la commissure de la gueule du côté droit. Une île au milieu d’un masque noir. Je l’ai caressé, puis porté - «Ah oui quand même, il fait son petit poids !» J’entends encore mon beau-frère me dire : «Tu as vu comme il est beau !» - Je n’y avais même pas prêté attention. Durant toutes ces années de cohabitation, nous nous sommes petit à petit apprivoisés. Vous savez deux grands timides ça commence d’abord par se regarder, se sentir. Il m’a fallu deux mois pour acquérir un début de confiance et qu’il accepte les premières caresses… il ne voulait pas être touché auparavant. Ses premiers maîtres l’avaient abandonnés pour quelques raisons obscures que la SPA n’a pas voulu me donner. Bref, pas très heureuse sa vie passée… Après six ans de cohabitation, je dois reconnaître que sa personnalité et multiple, mais, qu’il possède un fort caractère : Parfois, il est Chateigne : dans ces moments forts drôles, il me fait le gros dos et me provoque, marchant en crabe en faisant de petits sauts. La danse contemporaine n’a pas de secret pour lui. Il lui faut alors pour calmer ses ardeurs et combattre sa frustration : un pull moelleux à saccager, un bouchon à mordiller. Le griffoir ne suffit plus. Chafouin il l’est, quand j’aperçois son ombre au coin d’un mur. Son instinct de chasseur aux aguets. Je le sais près à me bondir dessus pour me surprendre dès que je passerais la porte. J’entre dans son jeu et en tapinois approche à pas comptés pour le surprendre à mon tour. Chagriné quand il n’a pas ce qu’il veut. Dès lors, il déploie des trésors de tendresse. On dit que les gros sont de bons nounours très affectueux, dans son cas c’est très vrai. Les roucoulades, les miaulements (allant du soupir à peine audible, au petit cri timide et aigu qui tranche tant avec sa taille, en passant par toute la gamme des stridulations qui font fondre la famille et ceux qui l’approchent pour la première fois). Une fois que les présentations ont été faites, mistigri ne se laisse pas facilement approcher au début. Chapardeur aussi, quand il vous pique votre place, s’installant au beau milieu du lit et refusant d’y être délogé à 1 h 00 du matin. Charivari - quand je rentre parfois tard et que je retrouve la maison sans dessus dessous, la nappe de la table bavant lamentablement, les journaux déchirés (que je n’ai pas encore lus), les chaussures vagabondes : l’une à sa place, l’autre sous un meuble. Chaloupé : quand je saisis au vol bien décidé à lui flatter les flancs, un torchon de vaisselle pour «punir» une bêtise commise juste avant. Invariablement, je le loupe et me retrouve con avec mon tissu dans les mains pendant que lui s’éloigne en ondulant. Imposant, mais vif assurément. Je ne sais pas résister à sa gentillesse, son regard vert si intense et interrogatif, qui change de couleurs selon son humeur et s’assombrit lorsqu’il est ému. Sa présence si apaisante, sa façon d’être si tendre et si impérieux à la fois - Il a du caractère et n’accorde pas facilement sa confiance. A ma connaissance, il est le seul chat qui aime les Chamallows… Ce n’est pas le chat de la voisine, mais il aime aussi la bonne cuisine et fais ses ronrons sur de beaux édredons dondon (merci Yves !) Je vis chez lui et non l’inverse - Il est l’âme de la maison, une présence douce, discrète et consolatrice. Texte remanié - Réédition janvier 2009.

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