Comme probablement quelques-uns ici, je me suis plié à lexercice dun stage de sensibilisation à la sécurité routière, vulgairement appelé stage de récupération de 4 points de permis.
Tout ça parce que jai très régulièrement perdu un point à cause dun léger excès de vitesse verbalisable. Comme je suis légaliste, je ne râle ni ne conteste. Jai dû perdre en tout 8 points, deux mont été restitués, jen attends un troisième si tout va bien. Mais jai compris quavec seulement 6 points au compteur, je nétais à labri de rien, et surtout pas dune annulation brutale du permis qui mhandicaperait certainement.
Ce que je navais pas bien compris est que si on perdait à nouveau un point moins de six mois (ou un an) après en avoir perdu un autre, ce point était au mieux restituable dans un délai de 2 (ou 3 ans) et au pire 10 ans plus tard si le compteur na jamais eu loccasion de passer par la case zéro dans lintervalle. Cétait ma première découverte. Je dois dire que je nai commencé à faire des excès de vitesse quavec lapparition des radars automatiques, je navais jamais été verbalisé pour ce motif, ni pour dautres, auparavant. En statistique, on appelle ça « une dérive » ...
Donc en route pour le confessionnal.
Et jai passé deux jours très intéressants, sur bien des points.
Tout dabord, au plan humain. Vingt candidats au repêchage, entre 24 et 70 ans. Motifs : alcool, cannabis, refus dobtempérer, feux rouge, mais le plus souvent excès de vitesse, léger dans la plupart des cas.
Trois éléments caractéristiques de conducteurs quon na pas envie de croiser sur sa route. Le jeune accro au cannabis, 24 ans, chauffeur-livreur dont le patron flirte en permanence avec la correctionnelle pour son mépris du code du travail. Il se définit comme un « cas social », entendez un asocial qui a déjà perdu deux fois le permis pour conduite sous lemprise de substance illicite. Et qui nest pas prêt de samender. On se disait entre nous que seule la prison lui permettrait de rester vivant pour fêter sont trentième anniversaire.
Un autre, 38 ans, dont 20 de conduite, toujours à la limite. Totalement « border line », considérant que les feux rouges, les stops et les limitations de vitesses ne sont là que pour lempêcher de faire son travail la semaine. Mieux : les panneaux « poussent » à son arrivée ! Paradoxalement, le week-end, quand il se déplace avec sa femme et ses deux gamines, il est impératif que les autres ne mettent pas sa vie en danger, et donc quils respectent le code de la route.
Un dernier, entrepreneur individuel de 40 ans dans le photovoltaïque. Il fait environ 3.000 KM par semaine pour voir ses clients et suivre ses chantiers. Il travaille beaucoup pour gagner beaucoup. Et comme il nest pas payé pour conduire, sa voiture est son bureau. Pas dalcool, pas de fumette, il conduit très bien et les limitations de vitesse ne sont pas faites pour lui, ni les stop dailleurs. Pour résumer deux jours de contestation permanente, il faudrait faire un code de la route spécial pour lui, ou alors lui consentir le statut de véhicule prioritaire, avec deux tons et guirlande sur le toit.
En retour, deux exemples exemplaires. Deux jeunes de 27 ans avaient perdu des points pour conduite en état divresse ; lun des deux avait même aggravé son cas par un refus dobtempérer, il navait pas vu quon lui faisait signe de sarrêter. Lun a arrêté de boire, lautre de conduire !
Au plan technique ensuite.
Là aussi, riches journées. En particulier et en vrac : la durée du feu orange est de 3 secondes. Elle sert à vider le carrefour. Donc inutile de se précipiter à cette couleur, sarrêter, c'est tout indiqué. Ensuite, la vitesse maximale de collision sans gravité pour une personne physique est égale à 30 km/h. Au-delà, « Allo maman bobo ».
Mieux : les limitations de vitesse sont liées à langle du champ visuel et de létat des routes. Ainsi, la limitation de vitesse à 130 KM/H (120 en Suisse) nest en rien le résultat dune décision arbitraire, mais de savantes études sur nos capacités de réactions en fonction de la vitesse, du temps de perception dun obstacle, de la compréhension d'une situation "impossible a priori", ...
Cest ainsi quon peut avoir sur un parcours donnée des changements de vitesse maximale de 110 à 90 km/h, puis 110 à nouveau sur une double voie périurbaine, ou bien sur autoroute, des réductions temporaires de 130 à 110, voire 90 km/h. La raison en est la limitation du champ de vision (réduction du nombre de voies, virages, croisements autoroutiers, ...) qui rend excessive la vitesse habituelle.
La preuve ? En Allemagne, certaines voies sont sans limitation de vitesse. En fait, elles sont conseillées à 130 KM/H, libre aux conducteurs de sadapter aux conditions de sécurité. Mais les compagnies dassurance ont prévu dans les contrats dassurance automobile quen cas daccident responsable, sil était avéré que la vitesse du véhicule était inappropriée aux conditions de circulation et supérieure à la vitesse conseillée, soit 130 KM/H, certaines garanties ne seraient pas appliquées !
Enfin, the last but not the least, un petit exercice pour vérifier que les lieux et moments de surveillance par la maréchaussée sont précisément ceux où les accidents sont statistiquement le plus souvent mortels, à savoir : en plein jour, par beau temps, sur des voies larges, droites et parfaitement entretenues, à plat ou en descente. Cest dune logique imparable !
Pour conclure, noublions jamais : « Au volant, la vue, cest la vie » et « Méfiance, le champignon de la voiture peut être mortel».
Bonne route !
06710/2012
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