Quantcast
Channel: Les commentaires de Pointscommuns.com
Viewing all articles
Browse latest Browse all 5180

Cesar doit mourir par Ishtar deux

$
0
0
Paolo et Vittorio Taviani sont de retour avec un film magnifique. Il n'avaient plus donné de grand film depuis La Nuit de la San Lorenzo, il y a ... des décennies. On n'entendait plus parler d'eux ni n'attendait plus rien de ces alertes octogénaires italiens quand survint ce "Cesar" d'après Shakespeare. Les Taviani sont allés filmer en prison, dans la forteresse qu'est la prison de Rebbibia près de Rome, chez les grands criminels des quartiers de haute sécurité, la préparation, la répétition et le montage en prison de la représentation du Cesar de Shakespeare. Mais il ne s'agit pas du récit linéaire de la préparation de la pièce qui en eut fait une sorte de documentaire. Les deux frères appréhendent leur mise en scène de Shakespeare à partir des prisonniers-acteurs mis en position de pivots du scenario, où se conjuguent leur véritable identité qu'ils assument et les raisons de leurs détentions (nombreux membres de la mafia, condamnés à perpétuité) leur vie carcérale et la découverte du génie de Shakespeare et de l'histoire de la Rome antique. La pièce de Shakespeare est adaptée : Cesar doit mourir, elle est centrée sur le pouvoir, le meurtre, la tyrannie, la trahison et l'honneur. Les Taviani filment les prisonniers partout, dans leurs lieux quotidiens, répétant partout dans la prison, entre eux dans leur cellule, apprenant leur texte, échangeant leurs impressions sur la pièce et les échos que cela fait naître en eux, sous le regard médusé des gardiens découvrant eux aussi Shakespeare et l'histoire de la Rome antique en même temps que les talents des (excellents) acteurs qui se dévoilent chez "leurs" prisonniers. La totalité de la prison est mobilisée, tous les prisonniers rassemblée pour composer le peuple de Rome acclamant Cesar, prêt à se soulever, clamant sa liberté... et jusqu'aux gardiens de la prison qui ont un rôle. L'espace de la prison complètement investi, avec des scènes de foule dont on se demande avec admiration comment les Taviani ont pu les filmer dans des quartiers de haute sécurité. (Hommage au directeur de la prison !) Le film tourné en noir et blanc pour l'essentiel, ce sont de magnifiques images qui captent les visages des acteurs, restituant la rudesse d'une beauté brute, en une esthétique qui s'inscrit dans la tradition du néo-réalisme italien, et qui transcende ainsi les conventions ayant façonné les regards actuels à travers les nombreux reportages sur les prisons ou films policiers qui y introduisent le spectateur. Là, la crudité, la violence et la cruauté sont unies dans la vérité de la situation, par l'authenticité du jeu des acteurs-prisonniers qui s'y sont adonnés à fond et par la mise en scène de la caméra qui s'introduit dans prison de sorte que le cinema s'ajoute au théâtre, pénétrant le cadre carcéral, de sorte que pour les prisonniers "rien ne sera plus comme avant le passage de Paolo et Vittorio" comme le dit un condamné à perpet' aux deux frères.

Viewing all articles
Browse latest Browse all 5180

Trending Articles