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Réunion PCC en cette fin de semaine par Jules Félix

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Ils sont là, tout stoïques sur la grande place. Ils font gaffe. Ils se savent un peu épiés, un peu craints, un peu porteurs d’espoirs. On voudrait les aimer. Ils voudraient être aimés. Mais pour être aimés, il faudrait aussi un peu aimer, non ? Peut-être y aurait-il trop de clans ? Non, ça n’a rien à voir. On pourrait presque écrire "PCC pour les nuls". Mais on n’en a jamais eu l’occasion. On a toujours pensé que ceux qui ne savaient pas non seulement étaient nuls mais n’avaient pas droit de cité. Droit de citer. Forcément, ils sont donc discrets. "On" ne les écoute pas. C’est la rentrée des classes depuis jeudi. Les hommes en uniforme patrouillent régulièrement les lieux. La place est quadrillée. Elle est occupée. Ils ont la trouille. On a la trouille. Pas question de massacre car pas question de foule. La place est réservée aux grands. Aux hauts. À la classe dirigeante. À ceux qui décident. Toujours au nom du peuple. Car ils sont populaires. Ce sont des dirigeants populaires. Le joujou a déjà quatre-vingt-onze ans. Il nourrit la première puissance démographique au monde (et pourtant dans les dernières en taux de fécondité), la deuxième puissance économique mais ça deviendra bientôt la première, il a contribué à l’hégémonie des jouets, du textile, de l’électronique… et même des nems et du riz cantonais (bouh). Même un calendrier porte sa marque. La pièce se joue nombreux. C’est une sorte de grand théâtre. Une comédie de boulevard. Ou de place si vous préférez. Il y a un grand nombre de figurants. De personnages, du plus insipide aux plus démoniaques. Pour corser le tout, on y a inséré le virus sournois du clanisme. On voudrait surtout éviter la tragédie. Le scénario est déjà écrit. Longuement étudié, minutieusement préparé, il se déroule rondement, sans une bavure. La comparaison est sans concession. D’un côté, un peuple décide. Des individus peuvent se hisser, par l’argent ou les urnes. Ils peuvent arriver au sommet du monde. Ils peuvent être rouges ou verts, ânes ou éléphants, on s’en moque ; ce qui compte, ce n’est pas la diversité, c’est l’enrichissement qu’ils apportent aux autres par leurs différences. L’altérité enrichit. C’est le seul germe de l’Évolution. De l’autre, une nomenklatura chasse la précédente. On commence vieux dans ces parages, alors, quand on lâche prise, on est encore plus vieux. Forcément. Là, ce n’est pas la rumeur ni la fureur. C’est le calme plat. Le calme monolithique. L’âge de pierre. De la pierre rouge. Aux petites étoiles. On y cause plenum, comité central, bureau politique, comité permanente, république populaire. C’est PCC mais on n’y cause ni paix des braves, ni amour du prochain, ni amitié conviviale, ni chaleur humaine, ni espérance de vie, ni liberté d’expression… Non, on n’y cause pas. Tout simplement. Calme. Parce qu’il faut vous dire, cette fin de semaine, c’est la réunion du parti communiste chinois. Il congrésise un max. C’est du concret. C’est du sonnant. Bientôt, on remplace l’empereur du Chine. Le dernier empereur de Chine. À lever l’ancre. Le nouveau est un petit jeune, pas même soixante ans. Il était garde rouge. Il a même fait de la prison car c’était un zélateur de la révolution culturelle. Papa était un révolutionnaire. Cela fait cinq ans qu’il attend ce moment. Formé au génie des procédés, fils de ministre, époux d’une chanteuse populaire qui fut major générale dans l’armée (populaire elle aussi), et père d’une étudiante de vingt ans à Harvard. À la tête d’une fortune de trois cent millions d’euros. Immobilier, téléphones portables, mines. Retenez bien son nom. Xi Jinping, nouveau maître du monde ?

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