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L'Aventure du Jazz par Muneera

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"Un peu parti un peu naze Je descends dans la boite de jazz Histoire d'oublier un peu Le cours de ma vie…" Point de boite de jazz par ici mais un ciné pour commencer. Vendredi soir. Je me rends à mon cinéma préféré, un ancien temple transformé et ne diffusant que des films d'auteurs ou étrangers, d'art et d'essai… Bref, un petit encadré m'intrigue, je décide d'aller voir: "L'aventure du jazz" de Louis Panassié, présentation du documentaire en présence de son réalisateur. 20h30. J'arrive pile à l'heure, et l'on m'annonce que c'est complet "Ah bon?" et je n'ai pas de billet. Zut! Heureusement, l'Académie de Jazz offre quelques dernières places. Je m'installe donc là ou je peux après avoir tourné pendant cinq minutes: la salle est bondée. Un laché de cartes vermeilles semble-t-il, je regrette qu'il n'y ait personne de ma génération! ….Et je suis cueillie! Une pépite! Ce documentaire exceptionnel très rarement présenté, n'est pas distribué dans le circuit cinématographique traditionnel. Et Louis Panassié de nous expliquer que les musiciens ont offert leur prestation (incroyable à entendre aujourd'hui) et lui ont expressément demandé de ne pas exploiter ce film: don royal et maintenant irremplaçable témoignage! Après 40 ans, Monsieur honore toujours son contrat alors que les artistes ont quasiment tous disparus depuis. Tourné entre 1969 et 1972 aux USA et en France, on peut y voir et y entendre 120 grands maîtres du Jazz Classique au moment ou ils étaient au sommet de leur art. Parmi lesquels, les plus connus Louis Armstrong, Duke Ellington, Muddy Waters mais aussi Memphis Slim, Rosetta Tharpe, Zutty Singleton (ex batteur de Louis Armstrong), Willie Smith, Cliff Jackson, Cosy Cole (drummer favoris de nombreux jazzmen), Buck Clayton, John Lee Hooker, Milt Buckner et Jo Jones, l'orchestre de Buddy Tate, Les Panassié Stompers formé pour l'occasion et bien d'autres. Il y a plusieurs sortes de jazz nous dit-on. Cet art populaire que les musiciens auraient voulu appeler "musique populaire noire" mais trop tard, le mot Jazz est déjà bien répandu. Les spirituals et les blues sont à l'origine du jazz, le sait-on vraiment? Sans doute connaissez-vous The Sisters of Faith. Un autre petit exemple avec Rosetta Tharpe, émouvante chanteuse noire mais surtout guitariste exceptionnelle et unique en son genre. Hugues Panassié, grand critique de jazz nous fait (re)découvir le jazz et ses bases. "Ce qui fait le jazz, c'est le swing". Louis Armstrong, ami intime de ce dernier, interviewé, nous explique avec la banane que "le jazz vient du coeur et qu'il se joue avec l'âme"! Il nous parle de la nouvelle Orléans, parce que c'est là qu'on trouve les meilleurs "drummers", et sans bon batteur, le jazz n'est pas une musique. "Les meilleurs batteurs ne sont pas ceux qui ont leur baguettes en l'air mais toujours en action sur la batterie". Le jazz est-il né à la nouvelle Orleans? Grand débat... Memphis Slim, nous raconte à son tour qu'il y a plusieurs types de blues: "the sad and the happy one". Par exemple, "quand vous rentrez chez vous et qu'il n'y a personne pour vous attendre, vous êtes seul, c'est le blues triste. Lorsque vous rentrez chez vous, et qu'il n'y a personne pour vous attendre, que le lit est vide parce que votre femme a fait ses valises et est partie… This is the happy blues!" Et là, on ne peut s'empêcher de sourire et de battre la mesure à l'écoute du morceau. On enchaîne avec Louis qui vous chante à Capella "you better not play with your woman, or it will bounce on you!" toujours toutes dents dehors, et des tremolos dans la voix - j'en ai la chair de poule, quel bonheur! Ma découverte ce soir, Jo Jones, qui gagna la célébrité dans les rangs de Count Basie, incroyable batteur, capable de solos interminables qui vous feront aimer le jazz à n'en pas douter. L'auteur du bulletin du Hot Club de France, Hugues Panassié, appartient à la légende du jazz. "Il a su dégager et exprimer une essence commune à tous ces styles (…) pour y voir le génie de l’Amérique Noire… Or il avait vu juste, le be bop a bien été cette brisure dans la musique de jazz, le début et l'abandon de ses composantes fondamentales: le swing, le sens du blues, le jeu collectif, les sonorités chaleureuses…" Les médias ont fait l'impasse sur la transmission de ce jazz là aux USA comme une nouvelle ségrégation. Les jeunes n'ont pas voulu perpétuer cette musique par peur de ne pas trouver de boulot. Le be-bop accommodé d'influences européennes a modifié et fait évoluer le jazz dit classique… Ce doc reflète le crépuscule du mouvement, Louis Armstrong étant le premier a disparaitre (1971) peu de temps après le tournage, suivi d'autres et de Hugues Panassié (fin 1974). Son doc a révélé à l'Amérique tout un pan de sa culture, c'est le film "que les américains eux-mêmes n'ont jamais eu l'idée de faire en cent de jazz… comprenne qui pourra". Ce documentaire est rarement diffusé, il le sera à nouveau en version longue le 22 ou 23 janvier 2013 à Bayonne. Peut-être arrivera-t-il jusqu'à Marciac. L'âge d'or du jazz, ici retranscrit, à ne pas louper assurément, deux heures de pure bonheur! Swinguez-y vite, ça risque d'être complet!! Et pour le plaisir: Jo Jones: http://www.youtube.com/watch?v=eANTTBvIXmI&feature=related Cliff Jackson: http://www.youtube.com/watch?v=HVsTffJIfIk John Lee Hooker: http://www.youtube.com/watch?v=zYrVwGxlcFA Memphis Slim: http://www.youtube.com/watch?v=qy_H-1J4xWs And last but not least, Louis Armstrong: http://www.dailymotion.com/video/x28dnn_louis-armstrong-wonderful-world_music http://www.youtube.com/watch?v=kmfeKUNDDYs Voilà, j'espère que vous avez la banane aussi!

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