Te souviens-tu quand jétais petite
Quand je sautais à cloche-pied sur les damiers du trottoir, et un, et deux, et hop ! ne pas marcher au hasard, éviter les bordures, retomber dans la bonne case. Défi. Pari. Marelle. Je régulais mon pas. Je domptais le macadam. Je le soumettais à ma règle. Jétais la reine du pavé !
Cétait avant, quand la terre était ronde. Quand le plancher était solide. Que j'y croyais....Javais confiance.
Cétait pareil, quand la nuit venue, quelquun allumait une lampe dans le couloir. Je navais plus peur du noir. Je pouvais demeurer seule et sans peur, dans ma chambre sombre, rassurée par ce rai de lumière qui filtrait sous la porte.
Aujourdhui, on le sait toi et moi que rien nest solide et quà simplement remuer un peu de sable, le monde entier peut à la secoonde seffondrer.
Le soleil un matin pourrait ne pas se lever. Nous ne serions plus guère étonnés.
Même lodeur des roses et du réséda ne nous protègera pas. Lombre de la montagne savance chargée de doutes, et même la montagne est monstrueuse ce soir. Et laurore demain risque fort dêtre blême. Et les arbres sémeuvent et grondent sous les vents.
Même le chêne se tord dans le brouillard.
Il pourrait à tout instant chavirer, le navire de noix, dans la tempête et se noyer...Et leau est glacée.
Comment te réchauffer ? Capitaine abandonné au tourbillon des morts océanes. Tu as les doigts gelés. Du cristal. A se briser.
Il y a un loup là-bas qui hurle. On ne voit rien. Il fait trop noir. Mais on lentend.
Jai un peu peur tout de même. Et cette fois jai un peu froid. Et la gorge nouée.
Tu ne mavais rien dit.
Tu ne mavais pas dit que jaurais des frissons. Pas dit, que la nuit, que le froid, que leffroi....
Et la plainte longue du loup...
Mais, c' est peut-être le vent.
Va. Jéclaire la lampe dans le couloir.
Sous la porte, comme ça, il fera un peu jour.
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