La petite cuisine
Unique pièce à vivre, de plein pied dans cette petite fermette où tout simbriquait : étable jouxtant la cuisine laquelle se trouvant elle-même accolée à une petite pièce que lon avait coutume dappeler « le cabinet » , petite pièce où seul un lit pour deux personnes ( lit de 120 cm de large à lépoque ) pouvait entrer pour accueillir les membres agés de la famille
..en loccurrence mon grand père paternel que je nai malheureusement pas connu.
Cette petite cuisine cétait un nid, un nid douillet où il faisait bon se blottir lhiver quand dehors la neige samoncelait en congères jusqu'à obturer complètement la porte dentrée vitrée parée dune grille en fer forgé aux initiales de la famille.
Le fourneau alimenté au bois trônait au milieu du mur gauche en entrant ; majestueux fourneau en fonte, de faïence revêtue avec un robinet en laiton dépassant de la bouillote intégrée de laquelle nous tirions de leau.
Je dis "nous" car très vraisemblablement, comme tout enfant, jai du vouloir réaliser ce qui était interdit ; maman nous avait dailleurs parfaitement averti de la dangerosité à vouloir se pourvoir de cette eau parfois bouillante
elle qui dailleurs préférait la soutirer à la louche par le dessus
.
Comment ne pas oublier ce plancher de bois de pin que ma mère séchinait à entretenir alors que les traces des gravillons sous les chaussures le marquaient irrémédiablement.
Empreinte dun temps ; empreinte dune vie où linsouciance de lenfance mamenait à jouer, au milieu des journaux servant à allumer le feu, dans le bas de ce placard situé à gauche en entrant, dans langle de la pièce; je n'avais pas plus de 5 ans....
Au centre de la pièce, sous la table, recouverte de linoleum, réalisée sur mesure par lébéniste comme premier investissement mobilier après le mariage des parents, se trouvait une trappe.
Il est à croire que son emplacement avait été judicieusement choisi tellement vermoulue elle était qui naurait pas supportée le poids dun adulte.
Apres avoir déplacé la table ma mère la soulevait parfois pour descendre à la cave non bâtie creusée dans le rocher, ruisselante de lhumidité du sous sol et dans laquelle se trouvait le coffre à fromage.
Véritable usine à maturation, cest là quétaient déposées les fourmes rondes après séchage préalable sur une clayette de paille recouverte et suspendu dans létable.
Là, dans cette usine se trouvaient les « artisous » (dénomination en patois local des artisons) toujours au labeur.
Peut être ne les auriez vous pas vu si je ne vous les avais montré ; ils étaient des millions à ne faire que se délecter de la croute des fromages affinés ou en devenir.
Parfois maman faisait la razzia avec une petite pelle métallique rouillée et une balayette de genets constituée. Sil nen eut été ainsi point de fromage pour se « lécher les babines » ; de fourme ceux-ci seraient inéluctablement devenus gruyère avec immenses et multiples trous pour niches confortables à acariens en surmultiplication.
Alors maman brossait la croute régulièrement pour éviter les dégâts et remontait de temps à autre un bon fromage rond qui avait pris naissance dés la traite dans une faisselle métallique posée sur un égouttoir dans un coin de lévier alimenté en eau (non potable) par une citerne en béton pour récupération des eaux pluviales.
Le caillé (dont une partie était consommé comme tel : hummm !....) était réalisé grâce à de la présure naturelle provenant dun morceau de caillette de veau gonflé (achetée chez le boucher) puis séché et ainsi se conservant.
Celle-ci était découpée, trempée dans de leau pour en exsuder la présure qui était ajoutée au lait chaud de la traite dans des proportions bien déterminées.
Je ne vais pas abandonner ce fromage sans vous dire quil était accompagné à table sur le plateau de bois par du « chèvreton ».
Ne pensez point quil sagissait de fromage de chèvre ; à lépoque, année 1960, eussiez vous demander au marché local du « chèvreton » que lon vous aurait emballé dans ce papier, qui navait pas encore été qualifié dalimentaire, ce même fromage au lait de vache non écrémé qui constituait la matière première des fourmes dont je vous ai parlé ci-dessus.
La différence venait en fait de la forme rectangulaire donné par la faisselle et ce dernier nétait pas passé entre les mains de nos chers acariens
..quinévitablement
.jaurai eu un grand plaisir à vous faire
..goutter
sans que vous vous en aperceviez
..
Voila lhistoire de cette petite cuisine qui a bercé mon enfance ; lieu de vie de la famille entière, ouvrant sur lextérieur ce qui était fort agréable dés la belle saison revenue
..saison que vous affectionnez tous où, à la campagne précisément et plus particulièrement dans un corps de ferme,
pullulent mouches et autre taons
Le grille mouche nexistant pas
..je vous laisse imaginer ce que la ligue de protection des mouches aurait pensé si elle avait vu
..ces attrapes mouches de colle recouvert déroulés et suspendus au plafond
..jeunes princesses au cheveux long virevoltant
.sabstenir
.
Rendez vous
.dans la fenière
.dont je vous parlerai
bien plus tard quand les enfants seront couchés
.
Cypou le 15/11/2012
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