Daphné
Tu es le mystère des origines
Notre rapport au monde
Dès le premier instant
Clairière des possibles
Où le jour s'enflamme
Toi, que je n'ai cessé de porter en moi
Souhaitant ta venue à l'orée du bois
Embrassant la lisière de tes bras
Avec le soleil pour témoin
L'eau, complice au long cours
Toi que je n'ai cessé d'aimer
A travers toute créature
Que le vent enlace
Tes pieds nus faisant trembler les herbes
Striant l'univers démultiplié
A l'appel de ton immensité
Je ne t'ai jamais dissociée
D'une attention offerte à tous
Sans discrimination
Humains, animaux ensemble
Réchauffant mon coeur épris
Mes enfants
Et toi, Daphné, enfin libre !
Me pénétrant de tes forêts
Cet amour inconsidéré
Epousant l'azur, que je berce
Toute une fortune d'étoiles
Mes tendresses à foison
Mes troupeaux
Guidés par mon âme bergère
Espérant n'oublier personne
Même pas le moindre val
Caché derrière tes genoux
Au creux de tes bras
Ô cher Ange, à la chevelure étirant le temps d'aimer !
Je suis enceint de ta présence
D'arbre en arbre berçant
Tes oiseaux, tes désirs
Fêtant la vie à branche que veux-tu
Tandis que ta robe ourle l'espace à satiété
De ses feuillages dénoués
L'ensemble de la Création alors est sauvée
Au rythme de tes pas, ta voix
Faisant chanter l'orge, le blé
La chorale des saisons
La mer en fleurs déposant un à un
Ses pétales sur le sable
Tes ongles peints contre ma peau
Mille baisers
De la passion à jamais renouvelée
Ignorant l'absence, la peur, la mort
Puisque tu es là, ô divine !
L'harmonie murmurant ses secrets
En rais hyalins, parmi les sources
Qu'évasent tes doigts papillons
Ouvrant d'autres horizons
Pays d'accueil
Eventails de joie
Visages dont nous rêvons
Par la magie d'une main
Frôlant l'innocence
Une joue
Prairie plus nue que réelle
J'embrasse tes genoux, îles rousses
Douces tourterelles
Tes lèvres bousculent les étés
Une aile nous effleure
Dissipant l'impuissance, le malheur
Le balancier de tes jambes croisées
Attire la rosée, anime les heures
Chaque lettre de ton Nom
D A P H N E
Brûle d'orages, de vergers
Leurs labyrinthes regorgent de baisers
De partout à la ronde est notre Amour
Il n'a pas d'âge.
V.
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