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Echanges par SASKATOON

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A.S. Je ne sais comment ici mettre en italique ou changer de caractères, il y aura donc pas mal de guillemets et de point de suspension. Ce livre m’est cher, que je classerai dans ma collection " Les Livres-pansements" = ces livres fables qui mettent du baume au coeur, ceux dont on sait bien que l'histoire est trop belle pour la réalité, comme «Ensemble c'est tout» ou «La Consolante». Avec une préférence pour «Ensemble c’est tout» car il n’y est pas seulement question d’amour mais aussi d’amitié, sentiment le plus précieux pour moi. Mes «romans à l’eau de rose» comme disait un ami cher pour qui le mot roman paraissait déjà louche. Je n'ai pas honte d'être romanesque, de pleurer aux films tristes qu'on appelle maintenant "comédies dramatiques" (je n'y vois pas toujours la comédie...), «Les Sentiments» par exemple avec Jean-Pierre Bacri..... Afin de ne froisser aucun(e) lecteur(rice), je laisse aux critiques littéraires du site le soin de confirmer ou non que les deux ouvrages d'Anna Gavalda cités ci-dessus sont mièvres en regard du style plus puissant et plus original de Claudie Gallay dans "Les Déferlantes". Tel n’est pas mon propos aujourd’hui. Deux résonnances se sont éveillées en moi à ce récit. - Entre la narratrice - je n'ai pas souvenir que l'auteur lui ait donné un prénom - et Lambert, l'homme détonateur, éclôt un amour.... tacite. Les mots parfois nous sont maux (oui, je sais, trop facile, on l’a déjà fait). En se rencontrant sur le tard et la toile, deux êtres par trop différents se trouvent souvent - et au bout du compte malgré eux - entraînés, pour tenter d’apprendre à se connaître en accéléré, à trop parler, écrire, expliquer, rectifier, rappeler.....se lasser. De malentendus en incompréhensions, les mots vexent, les mots blessent, les mots trompent, les mots mentent, les mots tuent.....les sentiments. Ayant presque toujours échangé entre animaux de même langage, je n’ai que tardivement buté sur les écueils de communication. Dans «Les Déferlantes», entre ces deux êtres si chargés de leurs drames qu'ils ont perdu l’usage de la parole, les mots ne sortent pas, dérisoires, coincés, inutiles. Et si eux sont lourds de leurs traumatismes, l’atmosphère silencieuse de leur amour naissant, elle, je l’ai trouvée sereine. Consciente de leurs profondes douleurs, je leur ai quand même envié (ce n’est pas le bon mot : j’ai admiré...) leur compréhension muette. - «Les pas, l’odeur de cuir du blouson...Je l’ai senti, avant de le voir, un battement brutal dans le coeur.....Il était là, derrière moi....... a noué ses bras autour de moi................. Ma main......entre le blouson et le pull, petit animal craintif........nichée. ». Depuis mes jeunes années, j’ai rêvé de cette scène, exactement ainsi. Comme la narratrice, j’y associe l’odeur du vêtement, la chaleur du tissu et ce violent coup du coeur qui s’affole. La même pudeur aussi. Et ensuite pouvoir penser , comme elle, à l’homme qui m’aurait aimée. Elle ne dit même pas "qui m’a fait l’amour". Peut-être pour avoir trop entendu les autres mots, bien que délurée, je lui ai su gré de cette retenue. Car déjà, entre "qui m’a aimée" et "qui m’a FAIT l’amour", il y a pour moi une nuance subtile de don et de possession. Mais c’est un autre sujet.

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