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le vieux misanthrope qui puait la pisse (4/4) par Abicyclette

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Un enfant. Qui racle ma porte avec ses ongles. Il faut qu’il arrête ça immédiatement, je ne pourrai le supporter. Sait-il que ce qu’il fait est insoutenable ? - Arrêtez ! Vous me faites peur, jeune homme. Vos bruits sont effrayants et ce n’est pas gentil. Vous êtes trop proche. Rentrez chez vous, s’il vous plaît. Je veux bien qu’on agonise là-bas mais ici c’est trop proche. Entendez-vous ? Il n’entend rien. Et ça glapit dessous, ça hurle, ça se tortille. Les poussières leur mangent donc vraiment la peau ? J’ai peur maintenant. C’est insoutenable, je ne pourrai le supporter. Faut-il taper le sol d’un manche de balai pour qu’ils comprennent ? - Arrêtez ! Faites moins de bruit ou descendez plus bas. Vous plaît-il d’effrayer un vieil homme ? Partez plus loin, je ne vous connais pas. Je ne veux pas vous connaître, ni vous entendre. J’ai peur, comprenez-vous ? Vous êtes trop proches. Arrêtez enfin ! Je ne peux pas vous entendre mourir, surtout les enfants, c’est trop près d’ici. Soyez gentils. Peut-être faut-il en terminer d’un coup ? Pour leur bien. Je ne supporte plus leurs cris. - Et vous, jeune homme derrière la porte, arrêtez de gratter, vous abîmez vos ongles. Si encore vous saviez où est le centre, où part l’équilibre. J’entends que vous vous cognez tous, vous n’êtes pas les seuls, ma tête cogne aussi, le sol se dérobe, ce n’est pas agréable pour moi non plus figurez-vous, ça bouge encore, se fend, les lézardes s’élargissent, on y voit à travers, l’immeuble se disloque, je me plaindrai au syndic, à l’architecte, de mauvaises fondations, on nous met en péril. A présent ça veut s’infiltrer tout de même, cette saloperie rentre de toutes parts. La sécurité dans ma cuisine, mes boîtes, mes couvertures, draps, vêtements… se blottir dans un coin…ne plus bouger… se boucher les oreilles… qu’ils s’éloignent, on dirait qu’ils me touchent. - Taisez-vous dessous, taisez-vous, je ne veux pas vous entendre mourir tout haut ! On n’extermine plus comme à Auschwitz. On ne doit plus voir de traces d’ongles sur les murs. C’est défendu, fini, ce temps-là est révolu. Vous me faites pleurer, je me vide et j’ai peur, voyez, je suis un pauvre vieux, je me fais dessus à présent. Appelez l’infirmière, soyez charitables, pourvu que vous cessiez ces gémissements on va réparer ça, vivre ensemble, je ne savais pas, il fallait me prévenir à temps. Prends un calmant, prends en un autre… Tu es ton propre centre en conséquence respire, il ne t’arrivera rien… Respire… Des ongles d’enfants sur un mur à Auschwitz… les miens gravant celui de ma cuisine où s’infiltre la poussière… Respire… Tu es ton propre centre, en conséquence il ne t’arrivera jamais rien… Le crépitement de mille insectes sur les draps qui m’enveloppent… Tu es ton propre centre … Des ongles d’enfants à Dachau… Déjà la morsure de l’acide sur mes cheveux qui fondent… le jus des boîtes pour me frictionner la peau… serrer les dents… tenir… Respire… Des ongles à Treblinka … Tu es ton propre centre... Respire.

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