Puis on revient à l'ordinaire.
Après.
Après l'enchantement.
C'était l'extase, ou la tendresse immense, ou le déchirement douleur peut-être, mais respiration, aussi.
C'était un moment de grâce, c'était la rencontre, l'engouement, l'envol.
C'était l'enthousiasme, le ravissement. Ou cette étrange sérénité dégagée de tout, du désir même, de soi.
Ou cette joie, cette insolente joie, qui transfigurait le banal.
Quoi qu'il en soit, cette sensation de toucher au réel. D'être (enfin) dans le vrai.
Puis on revient à l'ordinaire : le vent faiblit, il faut tenter de vivre.
On louvoie, on tire des bords, au petit bonheur. Tout petit.
La tentation de l'acédie. La tendresse à marée basse, vague clapotis, indifférence. Douleurs rapetassées de fil blanc, bouche cousue.
Rien de grave, rien de dramatique (même pas). Petites blessures d'amour propre, petites raideurs. Lourdeur maladroite, lourdeur besogneuse. Avancer pas à pas, tout encombré de soi. S'agacer d'un rien. Se sentir un peu engoncé, un peu séparé de soi, des autres : ce goût de déjà-vu qui masque la saveur des choses. Des êtres.
Faire avec.
On craint de s'enliser : surtout, ne pas se débattre. Faire le bois mort, se laisser porter. Par l'ordinaire, par l'ordre des choses, par cette boue grise et douce.
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