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D'une photo captée sur la toile par Abicyclette

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Finalement ce sont des histoires de seuils et de miroirs. Tu viens de me lâcher le bras et tu es entrée dans la pièce de bureau, une pièce neutre, sans âme, avec un papier-peint déprimant. Tu as agrippé le dossier bleu de la chaise de bureau avec tes deux mains, tu as posé ton genou gauche sur le bord de la chaise de bureau au dossier bleu – je répète des mots non par effet de style, mais parce que tu as fait tout cela très lentement – puis tu l’as avancé vers le fond de la chaise de bureau (au dossier bleu) alors que l’on n’entendait rien d’autre sinuer dans le silence que le bruit du tissu de la chaise (de bureau) contre la grande botte à lacets, noire, raide. Tu savais déjà que tu le stopperais au milieu de l’assise car, comme ta jambe droite restait presque verticale dans la seconde grande botte à lacet (noire, raide) plantée dans la moquette, tu sentais que tu menais doucement l’épanouissement de ton déhanché laisser presque voir les tendres chairs de ton entrecuisse. Dentelles. A présent tu rehausses un peu la fesse droite, vrillant davantage la torsade que semble vouloir chanter ton dos. Puis plus rien. Ni l’un ni l’autre ne bougerons. Le défi que tu me lançais sera de tenir nos désirs à distance jusqu’à ce que la tension sexuelle de l’attente atteigne à son paroxysme : c’est à qui rend grâce le premier. Ici encore la confusion des temps conjuguants n’est pas un jeu de style mais la confusion issue de l’image que tu m’offres à l’écran, cette image figée à jamais me bouleversant de mille façons : fantasmes, doutes, rêves, promesses de jouissances multiples qui porteront toujours au-delà du présent. Je reste au seuil de la porte, au seuil de mon écran, je te regarde, je ne sais qui a pris cette photo - sûrement ton mari quand vous étiez complice - mais c’est tout aussi bien moi, maintenant que nous le sommes à notre tour : voilà pourquoi ce sont des histoires de seuils, des effets de miroir. J’ai remarqué enfin un petit doigt tendu (et si ton visage est toujours tourné côté mur, je sais que tu souris, je sais que j’ai gagné) m’indiquer un axe, une direction pour te transpercer. Alors moi aussi je me suis permis d’approcher, habillé ou nu, en tout cas très léger, sans faire aucun bruit. Je me suis accroupi, si lentement que tu restas encore un moment dans l'équilibre de l’attente. Alors j'ai posé le bout du bout de ma langue sur tes moiteurs fauves, y cueillant le goût du sel. Telle sera ta surprise.

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