Ma sur ainée ma toujours aimée. Et protégée. Quand elle caressait mes cuisses dune brassée dorties, dans le petit passage entre les deux jardins, loin de latelier où peignait mon père, cest quelle voulait que je sorte de ma léthargie nuageuse et elle le disait avec un bouquet.
Je ne criais pas, personne ne maurait entendu.
Même pas moi.
Ces petits passages finirent par cloisonner notre quotidien : elle ne recevait pas les lettres que je lui envoyais, ce qui lui permettait, à juste titre, dameuter « la famille » sur mon peu de désir de communiquer avec elle, qui ne me voulait que du bien.
Lorsquelle mécrivit que jamais elle ne voudrait être comme moi, preuve de son exigence remarquable, admirable, unique, ou quelle ne pourrait pas me saquer jusquà sa mort, ou jusquà ma mort -car sa rhétorique est infinie et son savoir faire sans laisser aller - je compris, merci Freud, que le non nexiste pas dans linconscient, et quen fait cétait une déclaration damour.
Avec les mails, plus tard, elle ne recevait jamais les messages que je lui envoyais, et se plaignait de mon silence toile daraignée auprès des tiers non payants. Une équipe dincapables sopposaient farouchement à notre volonté réciproque de vis à vis.
Alors, depuis, je lui envoie des papillons, de toutes les couleurs, les papillons, des bleus turquoise cerclés de noir, des jaunes citron ocellés, et des blancs, beaucoup de blanc.
Le blanc de la page blanche de ce quon veut pas lire. Le blanc du cachet daspirine que je nai plus à ingérer, finies les migraines.
Pas de date denvoi, pas dhésitation sur les mots qui pourraient fâcher, pas de temps perdu à rédiger, pas de justification à donner si elle na pas reçu, ni non plus dattente impatiente ou de demande affective de sa part « ne joue pas ce petit jeu avec moi » pas de coup de bambou ni de coup de foudre, le blanc.
En plus, cest beau, les papillons. Voilà.
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