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JEAN par Taupa_z

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C’était un ami de la famille, du côté de ma tante maternelle. Artisan bohème, doué et touche à tout, il vivait de petits chantiers d’entretien – réfection – création que son réseau amical lui confiait. Il avait élu domicile chez sa mère pour la nuit et chez les autres le reste du temps. Il passait le soir chez les copains/copines, pour soi-disant prendre l’apéritif, mais en réalité pour se faire inviter à dîner. Un vrai coucou qui voletait de branche en branche, là où le ventre le poussait. Ça marchait à presque tous les coups. Il passait vers 19 heures, comme ça, prendre des nouvelles. On l’invitait à prendre l’apéritif et comme on allait passer à table, on le retenait. Et il ne se faisait pas prier, puisque c’était fait pour ... Parfois, il attendait jusqu’au dernier moment, faisant celui qui ne voyait pas qu’il dérangeait. Une seule fois il ne réussit pas son coup, nous avions déjà dîné ... Un jour qu’il devait aller chercher une terre d’alpage bien particulière pour le jardin d’un client, il m’emmena avec lui, avec la bénédiction familiale. C’était les vacances de février, on ne savait pas trop comment m’occuper. Je connaissais bien là où on devait aller, j’y avais déjà passé des vacances plus petit, à l’époque où la faculté de médecine préconisait au moins 15 jours d’été à au moins 1.000 mètres d’altitude pour bien passer l’hiver ensuite. Il faisait froid, même s’il y avait du soleil et dans l’ancienne école du bled où nous nous étions posés, il me manquait tous ces gens qui donnent cette chaleur humaine et cette joie de vivre si précieuses aux enfants. Le grand lit où nous allions dormir était froid aussi. Cette nuit-là, j’avais été réveillé à plusieurs reprises par de brefs soubresauts un peu violents que je ne comprenais pas bien. Au petit matin, tout d’un coup, il s’allonge sur moi, me fait des bisous sur les joues et me dit de ne pas bouger, de me laisser faire. Il se frotte contre mon pantalon de pyjama quelques instants, me serre très fort et se rallonge sur le dos, à côté de moi. Sur mon ventre il y avait une substance chaude et gluante qui coulait, je ne comprenais pas ce que c’était. En allant faire pipi, je me suis aperçu que j’en avais partout sur la veste du pyjama, c’était devenu gélatineux, je n’osais pas lui en parler, je ne savais pas ce que c’était. La seconde nuit comme les suivantes, j’ai beaucoup moins dormi. Il était venu plusieurs fois sur moi, et le lit tressautait aussi à plusieurs reprises. Le matin, tôt, je m’empressais de me lever, de m’habiller et d’attendre qu’il me prépare mon petit déjeuner. De temps en temps, la journée, on jouait ensemble, il me prenait dans ses bras et m’embrassait sur la bouche, puis on repartait jouer ... j’avais hâte que le séjour prenne fin. Aux vacances de Pâques de la même année, il avait fallu aller chercher du fumier dans le même endroit des Alpes. Et donc rebelote, il m’embarque ... Je ne voulais pas y aller, mais comment le dire, lui qui était si attentif et gentil avec moi. Tout le monde me le disait, il m’aimait comme un fils. Et on ne fait aucun mal à un petit garçon qu’on aime comme un fils, n’est-ce pas ? D’ailleurs, mon père ne trouvait pas non plus à redire, donc ... Je me souviens, dans la voiture, le soir tombant, nous étions vers Gap, il me demande ce que je voudrais manger et en profite pour glisser sa main dans mon pantalon et toucher mon sexe. Ça a duré quelques minutes, je me demandais comment le faire cesser. Au mois de juillet suivant, l’ami avait une amie, et ils avaient souhaité passer un peu de temps ensemble. Toutefois, il fallait la présence d’un tiers pour le respect des convenances et ce fut moi qui servis de chaperon. Nul ne pouvait imaginer qu’on se trompait de cible. Je m’étais dit que cette fois-ci, avec la copine, ça se passerait différemment. Elle était gentille, mignonne et très amoureuse. Mais ne savait pas s’occuper d’un enfant, ni d’un homme d’ailleurs. Donc le soir, nous dormions dans la même chambre, nos deux lits à deux places séparés par un paravent. Il allait lui souhaiter une bonne nuit en l’embrassant goulûment durant un bon quart d’heure, puis venait se coucher avec moi. Et la danse recommençait ... Je me souviens même comment une fois, il me tira de mon sommeil en attirant ma main sur son sexe tendu, comme si je savais quoi en faire. J’eus très peur et retira instantanément ma main comme si j’avais saisi un serpent froid et visqueux. La journée s’écoulait lentement, sous le soleil et un profond ennui. Ils passaient leur temps à s’embrasser, allongés sur l’herbe, et de temps en temps, il venait jouer cinq minutes avec moi. Nous marchions un peu, mangions beaucoup, ils buvaient autant, et le soir revenait, annonçant des activités nocturnes polluantes ... Mon pyjama était tâché de sperme, je ne savais plus par quel bout le prendre et cacher ces traces dont j’avais honte. Chaque nuit se déroulait comme la précédente. Il fallait que je « ne bouge pas » plusieurs fois dans la nuit, et au petit matin, je faisais comme si rien ne s’était passé ... la corvée dura 5 jours ... Je fis en sorte ensuite de ne plus jamais l’accompagner nulle part. La dernière fois, c’était chez ma tante. Je ne sais plus pourquoi j’y étais. Je ne sais plus pourquoi il avait mission de me garder. On jouait aux cartes, on buvait du coca, on mangeait des bonbons et de temps en temps, il m’empoignait, m’allongeait sur le canapé, déboutonnait son short, gardait son slip blanc et se frottait sur moi, m’embrassant sur la bouche, jusqu’à la pleine libération de la tension sexuelle. J’appris beaucoup plus tard qu’un autre petit garçon était aussi sa poupée gonflable. Je le connaissais, et avait entendu une nuit de vacances collectives cette fameuse injonction « ne bouge pas ». Je sus alors que je n’étais pas seul. Longtemps après, j’appris que le père de ce petit garçon s’en était aperçu et que ça c’était assez mal fini. Mais ça ne s’était jamais ébruité. Pour ma part, c’est mon ex qui l’avait deviné. Je n’ai jamais su comment. Elle le fit savoir un jour à son ex belle-famille, comme un cadeau empoisonné dont elle voulait se débarrasser. J’avais plus de cinquante ans alors. Nul n’a jamais réagi. J’avais dit à ma tante qu’elle n’était responsable de rien. Elle doit encore douter. Pour ma part, cette affaire est classée depuis longtemps, depuis ce jour où nous nous croisâmes dans un bar. Je buvais un café au comptoir, il venait acheter un paquet de cigarettes. Il me regarda, me reconnut malgré mon âge et ma barbe. Je vis bien qu’il attendait que je tourne la tête. Il n’insista pas, et sortit de ma vie. 15 MARS 2013

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