À peine laube est survenue que deux bulles de savon éclatent, dans le fracassement feutré de la torpeur. Un bruit, là. Rapide coup dil au réveil. Les leds verts pour myopes indiquent cinq heures vingt-huit. Cela venait de la droite, en bas, dans lescalier.
Jhésite un instant. Les bruits, il y en a de nombreux, même la nuit. Même le matin qui séveille. Surtout un jeudi. Il fait encore noir. Le sommeil a été coupé. Tranché. Les paupières nhésitent pas. Il faut lâcher prise. Relâcher. Faire retomber le crâne sur le patient oreiller.
Non !
Jallume.
Jallume la lampe de chevet.
Jallume car il fait noir, et un voleur ne doit pas pouvoir se cacher à mes yeux.
Je sors de sous le lit une batte de baseball et un fusil, comme lathlète brutal sud-africain.
Jallume la chambre.
Jadopte lévolution en zone hostile.
Guerre urbaine. Moment critique. Le destin bascule.
Satané de bruit qui ma bouffé mon rêve.
Jallume lescalier.
Je descends au pas de loup.
Jallume le dressing, caché derrière le mur.
Je regarde tous les recoins de la pièce.
Le terrain se conquiert mètre après mètre.
La tête encore dans les étoiles, je nen mène pas large.
Je reste dans le devoir du protecteur.
Je descends encore et je vois dans lentrefilet des marches.
Sous lescalier, un chat rôde.
Un chat qui ne dort pas la nuit.
Quelle histoire !
Je remonte en éteignant tout ce que jai allumé.
Joccupe maintenant loreiller impatient.
Je mapprête à fermer la lucarne de ma conscience.
Je vois une queue avancer, au-dessus des livres qui peuplent mon horizon.
Une queue poilue.
Je partagerai loreiller.
Il se glisse sous la couette.
Bien calé contre moi et loreiller.
Et allons-y pour le ronronnement.
Ronronronronronronr
Rzzzzz rrrzzzzzz rrzzzzz
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