Tout à l'heure, alors que des millions de gens arpenteront les rues sous la pluie pour réclamer plus de justice et de dignité, ayant une pensée pour tous ceux qui n'oseront pas et qui pourtant pourraient crier encore plus fort!... "La France qui se lève tôt", celle qu'on croise parfois de très bonne heure dans les transports en communs alors que nous rentrons d'une soirée tardive, celle dont les visages tristes sont marqués par la survie dans cet univers impitoyable où l'argent et les connaissances sont rois.
Ceux qu'on ne remarque presque pas, tant ils sont habitués à se taire et se soumettre de peur de tout perdre, c'est à dire de perdre le peu qui leur permet de survivre.
Ils parlent souvent mal le français, parfois ne savent ni lire, ni écrire, se contentent donc souvent de croire ce qu'on leur dit, ce que la télévision raconte et se raccrochent le plus souvent à la religion, y cherchant quelque vérité qui expliquerait pourquoi ils en sont là et doivent continuer ainsi.
Rompus de fatigue, peu respectés voir ignorés des esclavagistes qui se servent d'eux dans des buts mercantiles, ils passent leur temps libre à rassembler et photocopier des papiers pour ensuite courir de services sociaux en banque alimentaire, et permettre ainsi à leurs enfants de grandir dans ce pays qu'ils considèrent comme un paradis à côté de celui qu'ils ont du abandonné et où vit encore le reste de leur famille qu'ils n'ont pas revu depuis si longtemps.
Ils se plient en quatre pour envoyer de temps à autre un peu d'argent à la famille, même si, pour cela ils doivent se serrer un peu plus la ceinture, parce que pour eux, la valeur d'entraide reste essentielle,mais surtout naturelle.
Aussi, vous êtes-vous seulement déjà demandé ce qu'il adviendrait, si, soudain, tout ce peuple de l'ombre se mettait à réagir et à faire entendre sa voix?...
Loin des pseudo-études sociologiques, saluons le courage de cette journaliste qui a décidé de se plonger, pendant 6 mois au coeur de l'arène pour se rendre compte par elle-même, de ce que pouvait être la vie de tous ces travailleurs qui vivent dans la précarité imposée par notre système et encouragé par le Pôle-Emploi.
Car c'est ici et pas ailleurs que la crise se fait sentir plus durement!
Qui en dehors de cette journaliste engagée aura le courage de révéler cette partie du pays ignorée enfouie sous des discours politiques, syndicalistes et sociologiques qui reflètent mal la réalité de tous ces esclaves du XXème siècle?
Florence a su ainsi, en quelques portraits finement ciselés, faire entendre le temps de quelques lignes de son roman, la voix que si nombreux refuseront d'entendre ou, bien pire, feront mine d'ignorer...
Je serai curieuse de savoir quel pourcentage de la population française "active" le nombre de ces silencieux représente, mais ça, on a bien trop honte de le dire!
Alors demain, pour ceux qui auront le courage d'arpenter fièrement les rues pour réclamer une vie plus digne, n'hésitez pas à avoir une grosse pensée pour eux, et, surtout, à crier deux fois plus fort, qu'ils trouvent enfin une vois pour se faire entendre.
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