Ce jeune couple là, à deux tables de moi, je suis sûre qu'ils viennent de se rencontrer via un site internet. J'en mettrais ma main au feu (de l'amour). Ils ne se touchent pas, séparés par une théière fumante et deux portables, se parlent avec familiarité mais sans tendresse. J'attrape au passage le récit plein d'humour d'une inscription dans un club sportif, d'un amour pour la BD et le rollers, d'un boulot (ou d'un stage, je n'entends pas bien) dans une agence de design.
Ca ne marchera pas.
Ils vont se quitter dès que la théière sera vide, je le sens. Même s'ils se parlent avec volubilité, une atmosphère de déception plane. Encore assis à cette table, ils sont déjà partis. Ce n'est pas elle pour lui. Ce n'est pas lui pour elle. Elle rit encore à un mot qu'il dit, il lui pose une question, aimable, mais ils sont ailleurs (s'élançant vers d'autres rendez-vous ? pensant à ce temps perdu ? à la pluie qui menace, au match Gueugnon-Guingamp ?).
Soudain, c'est la fin. Toujours sur le ton de bonne compagnie ils se serrent la main, ça a vraiment été sympa de se voir. Super. Génial. Si un jour, sortie en rollers, envie de voir un film...Ils sont bien physiquement. Qu'est-ce qui n'a pas marché?
Il me semble que tout était suspendu, le destin du monde, la situation économique, politique, la dette de la France, l'ulcère de mon oncle Robert, à cette rencontre. Et puisque ça n'a pas marché, rien ne marchera.
C'est idiot. Il faut que j'arrête le Perrier citron.
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