« Comment vous sentez-vous après avoir tué quelqu'un? » lui demande-t-on un jour. Richard Burton réplique :
« Fort bien, et vous-même ? »
Burton, lexplorateur.
Il parle arabe, et hindoustani, parmi 30 autres langues. Il est entré à la Mecque, déguisé en pèlerin afghan et sûrement initié au soufisme.. Il a traduit les Mille et une Nuits, et le Kama Sutra. Extravagant, anti-victorien, original, exceptionnel. Cest un militaire, passionné par lOrient, puis par lAfrique , et expérimentateur passionné de la plupart des perversions humaines.
Borges dit de lui quil expérimenta « toutes les manières dêtre un homme que connaissent les hommes ».
Mais sous lAngleterre victorienne, son érotomanie est bien évidemment mal vue : sil parle de pratiques sexuelles, cest quil y a participé. Sil mesure la longueur du pénis des hommes dAfrique, cest quil doit être un peu homosexuel
et aussi pédophile ...et pourquoi pas assassin.
LAngleterre, sous la Reine Victoria, est arrivée, avec les trains et le télégraphe, à réduire les distances et à augmenter ses richesses. Et se pose la question sur ces blancs de« terra incognita », qui choque leur rationalité et insulte leur désir de domination/savoir. Le temps de lexpansion coloniale est arrivé, doublé du désir de connaître linconnu.
Des missionnaires partent pour convertir.
Des explorateurs partent pour découvrir.
En particulier les sources du Nil.
James Bruce, écossais, part, perd sa caisse dexploration en mer, et est rejoint par Buffon ;lun découvre la flore et la faune, lautre, la source du Nil
bleu. Facile.
Car très vite la Société Royale de Géographie londonienne se rend compte quil y plusieurs sources.
Burton part avec Speke depuis Zanzibar en 1857.
Speke est un chasseur de fauves, et botaniste et géologue.
Ils en arrivent vite à se haïr, et pourtant ils sont obligés de faire route ensemble dans des conditions difficiles (abcès de la langue pour Burton qui , de plus, peut à peine marcher ,inflammation oculaire pour Speke, devenu presque aveugle, et paludisme dévorant.)
Ils se haïssent tellement quils décident de se séparer. Speke a lintuition de découvrir la source du Nil en « voyant »- enfin, pas vraiment, puisquil est aveugle- le lac « Victoria », mais ne va pas plus loin. Burton croit au contraire quil faut chercher aux alentours du Kilimandjaro.
Speke revient à Londres, et contrairement à sa promesse faite à Burton, il communique sa « découverte » qui nest quune intuition alors. Puis se suicide.
Les avis sont partagés : Livingstone croit Burton.
Stanley, un journaliste américain, croit Speke.
Une seule chose est sûre : il y a deux Nils, le bleu, déjà découvert, et le blanc. Mais ce blanc est lui même ramifié en plusieurs sources.
Ceci est un feuilleton, la suite la semaine prochaine.
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