Cest le cur serré quelle sétait assise dans le sable, le regard perdu dans lhorizon, tentant de chercher la limite de la mer et du ciel.
Elle navait pas voulu être méchante, en fait. Elle avait juste lâché un « barre-toi » quasi inoffensif. Si, si, promis.
Ce nest pas quelle avait été en colère, plus vexée dirons-nous.
Après tout, elle était trop petite face à sa majestuosité, sa grandeur et parfois, il faut bien le reconnaître, ses grosses colères.
Elle, elle aimait jouer avec, passer du temps en sa compagnie, trop de temps peut être car elle y perdait souvent la notion, du temps.
Hier elle était partie fâché certes, mais de là à ce quil séloigne delle à ce point. Elle ne pouvait le supposer, ni même lenvisager une seconde.
Ceci expliquait sa tristesse du moment, son profond désarroi même.
Elle ne cessait de se répéter quelle avait dû le froisser avec ses quelques mots prononcés sous le coup de la colère.
Mais il faut dire quaprès cette semaine passée auprès de lui, à se côtoyer tous les jours, à lui faire confiance même, parce que, elle lavouait franchement, elle lavait énormément craint dès le départ et sen était approchée quà pas feutrés, ce revirement dépassait sa compréhension de la situation.
Ce sentiment dabandon soudain lui pesé. Mais cest lincompréhension qui prenait le pas sur cet étonnement.
Dautant que cela faisait plus dune heure quelle lattendait.
Elle le voyait, qui plus est. De loin, de très loin.
Mais pas un signe, pas un bruit.
Pourtant, imperceptiblement, elle avait le sentiment quil sétait rapproché. Enfin, il lui semblait que la distance entre eux sétait réduite.
Devait-elle alors se rapprochait de lui à son tour. Sans prendre le risque de le froisser à nouveau, et quil se retire encore plus loin.
Elle jouait avec le sable, laissant filer les grains entre ses petits doigts. Mine de rien, ne pas montrer quelle était touchée par cet éloignement imprévisible, dont personne dailleurs ne lui avait dit quil était possible.
Cette distance entre elle et lui faisait ressurgir la méfiance qui sétait installée dès leur première rencontre. Méfiance de sa part, certes, comme on peut être méfiant face à linconnu. Cest lui qui lavait apprivoisé, parce quelle avait appris à comprendre son fonctionnement et parce quil sétait montré délicat avec elle. Enfin, jusquà hier.
Jusquà cette vague un peu plus grosse que les autres, qui lavait aplatie dun coup sec sur le sable, lui avait fait faire un tour complet sur elle-même et avaler plus deau que ne contenait son petit aquarium.
Vexée, abasourdie et en larmes, elle lui avait crié sa haine, qui nétait en fait plus de la peur et de la surprise, et lui avait jeté un « jtaime plus, barre toi » que même le bruit du ressac navait pu couvrir. Puis elle avait tourné les talons et sen était retourné illico vers le village vacances où lattendaient ses parents. Elle avait pris la poudre descampette sans même un regard vers cet océan avec qui elle avait tant joué ces derniers jours.
En ce matin nuageux, elle avait pourtant décidé de revenir vers lui, pour voir ce quil en était, et si son appréhension de la veille lavait quittée.
Arrivée sur la plage de Guidel, elle eu un mouvement de recul, se demandant si elle ne sétait pas trompé de chemin tant elle ne reconnaissait pas SA plage.
Parce que SA plage, justement, était dune telle immensité qui lui semblait quelle avait rapetissé durant la nuit.
Et locéan, Son océan, nétait plus là ; enfin, si, mais loin, tellement loin
« Voilà, il est fâché maintenant, cest dma faute
. »
Elle sétait redressée sur ses petites jambes, avait réajusté sa petite bouée autour de sa taille, et, prenant son courage à deux mains, ensablées, elle avait décidé de parcourir toute la distance qui les séparait pour voir, de plus près, ce quil en retournait exactement.
Personne ne lui avait expliqué quen ce jour, le coefficient de marée était au plus bas et quelle était arrivée en pleine heure de basse mer.
Bretagne,
Il y a fort longtemps
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