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A taaaable! par Muneera

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-Qu'est-ce qu'on mange? Me demandent les enfants comme à l'accoutumé où généralement, fatiguée de trouver des idées pour les repas, je fini par faire l'éternel plat de pâtes accompagné de.... enfin, de quoi contenter tout le monde tant du point de vue gustatif que quantitatif. Ce soir là, je décide de faire un crumble aux épinards version marocaine avec poulet au miel, raisins secs, pignon de pin et cumin... - Mais Personne n'aime ça! Me dit la cadette. Oui, personne n'aime ça à part moi, mais je persiste dans mes choix : faire aimer les légumes - bataille perdue d'avance - et la cuisine en général à mes enfants... Pourquoi ne pas tout essayer ? Et puis zut, moi, j'en avais envie! Je commence ma préparation et au moment d'ouvrir le sachet de pignon de pin, je salive d'avance. Il n'est pas encore temps de les mettre, et je ne peux m'en empêcher, je décide de me faire un petit apéro aux pignons. Hop, un petit rosé frais... et ni une ni deux, je me jette aussi sec sur les pignons! Heureusement qu'il y a un deuxième paquet dans le placard me dis-je la seconde suivante ! Mmmmm, impossible de m'arrêter. Mais pourquoi donc ce plaisir si banal et pourtant si intense? Soudain les images me sautent à la figure, les souvenirs me reviennent en pleine gueule. Cet été là, à St. Maxime... Été très chaud, presque heureux, dans une autre famille que la mienne. Avec Charlotte, Amélie, et Claire, ma soeur, nous passions notre temps dans les champs, dans la pinède, dans la piscine ou bien avec les petits des brebis du fermier d'à côté (oui, le même que dans la pub du Lou Pérac, juste un peu plus bourru et beaucoup moins séduisant...). Un petit coin sauvage légèrement éloigné du bord de mer pour être tranquille. Un petit bout de paradis sentant bon les pins et le thym sauvage. Nos journées étaient délicieuses de farniente et de balades. Des trucs d'ado, à vélo, à pied, des discussions interminables, de bons bouquins, des blagues, l'évocation des petits copains, et d'autres discussions plus sérieuses histoire de refaire le monde, un peu... à 15 ans, c'est l'âge, non ? Une de nos activités préférées cependant était la recherche de pommes de pins. Cela se déroulait en trois étapes : tout d'abord, repérage, nous en faisions un tas tout en les jetant par terre, il fallait bien économiser nos mains avant de les décortiquer. Puis nous nous les partagions, pour enfin nous installer au meilleur endroit avec la vue sur la mer si possible. Matériel nécessaire : une pierre plate « casse-pignons », attention les doigts ! Et enfin, les savouuuurer, un par un. Et je peux vous assurer que c'est bien meilleur ainsi : sans doute la vue sur la mer qui les rend plus goûteux... Nous nous goinfrions de pignons chauds à l'odeur de résine tout l'après-midi, et rentrions les mains noires. Quel bonheur ! Oui, a y réfléchir, c'était certainement la maison du bonheur de ce moment là, de cette année là même... ...La grand mère joliment nommée Mamita, sans cesse raillée et mimée surtout lorsqu'elle montrait du doigt un plat sur la table sans jamais se souvenir du nom.... « Passe moi ..., .... ! » Elle se retrouvait sans voix et se fâchait tout rouge de nos rigolades. Elle nous appelait les dindes, alors forcément nous gloussions de plus belle. Mais avec un sacré caractère la mamie tout de même! ...Le pot de confiture d'amande, que l'on mangeait à la petite cuillère pendant nos interminables parties de Monopoly. Nous étions davantage occupé à finir le pot que la partie... Et lorsqu'il n'y en avait plus, nous attaquions le pot de confiture de châtaigne ! ...Le chien à qui l'on prenait la gamelle en faisant semblant de manger sa ration pour le motiver tout en lui disant: "mmmm, c'est boooon" alors que ce cher Félix, version Milou végétarien anorexique et tout aussi malin que ce dernier ne manquait pas de nous signifier à quel point nous étions ridicules. Un Fox Terrier, chien de chasse de son état, et végétarien, je me demandais déjà à l'époque qui était le plus ridicule! ...Le tonton, réalisateur et cinéaste connu dont je tairais le nom pour des raisons évidentes, présent avec sa nouvelle copine du moment, 25 ans plus jeune que lui. Ah non! Nous nous éclipsions dès qu'ils arrivaient, nous ne voulions surtout pas d'une nouvelle babysitter ! ...Et la piscine dont l'eau avait tourné au vert jaunasse pendant l'hiver qu'il avait fallu vider à l'huile de coude au printemps, beurk, à coup de sceaux pour pouvoir en profiter de nouveau sous cette chaleur...hum! ...Les deux cochons du fermier, gardiens officiel de la maison, dont le rôle était de grossir le plus possible. Ils avaient droit au meilleur de nos restes les malins ! Nous adorions aussi aller chercher les petits des biquettes du fermier pour les prendre dans nos bras, si doux, et si mignons mais tellement bêtes. Alors que les cochons, c'est une autre histoire.... Nous avions développer pour eux une certaine affection. Ils avaient même des prénoms, nous prenions de leurs nouvelles, bref, ils faisaient maintenant parti de la famille. Bien sûr, à notre grand désespoir, ils ont quand même fini en saucisses, jambon et compagnie. Nous avons pleuré pendant des jours. ...Et la sortie asperges sauvages aussi me reste à l'esprit. C'était la mission du jour, et la récolte fut plutôt bonne. -À quoi ça ressemble? Ai-je demandé naïvement à Amélie. -T'inquiète, tu vas les reconnaître, on ne peut pas les louper! Effectivement, des grandes tiges toutes fines au milieu d'un champs laissé aux herbes folles, et si délicieuses une fois dans l'assiette. Oui, tous ces souvenirs me reviennent d'un seul coup et d'autres plus anciens de Kefta et de Kébbé libanaise (ah ben les revoilà mes pignons!) Mais ça c'est une autre histoire... Réel plaisir que ce bain de sensations et d'odeurs. J'entendrai presque les cigales... Proust avait raison : les sensations restent associées à des événements ou à des personnes, nous vivons dans le présent ce « passé qui ne passe pas » - Faulkner. Car finalement, je m'aperçois que je n'ai quasiment que des souvenirs alimentaires de cette période. (Effectivement, ce n'était pas si rose, on se raccroche à ce que l'on a, à la nourriture en l'occurrence, ceci explique peut-être cela.) Comment ? Le paquet de pignon est déjà vide ? Mais non.... Un deuxième petit rosé pour accompagner les pignons ? Il va falloir que je complète avec un tian de légumes à la Féta et aux herbes de Provence je crois... Un autre souvenir, qui sait ? Liste de courses : à prévoir 3 paquets de pignons de pin pour la prochaine fois ! PS : Le crumble n'a encore pas fait d'adeptes cette fois-ci, j'en ai mangé toute la semaine ! Mais qu'est-ce que je me suis régalée !

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