Et voilà :
une fois de plus, il est assis tout au bord de la mer, à la clarté souriante de la lune.
Il rêve aux étoiles tremblantes, frémit de cette fraîcheur venue de lhorizon, sétonne comme un enfant de cette mousse venue des vagues répétées, épuisées, qui sexténuent en bulles minuscules de ses pieds jusquà ses genoux.
Ce quil aime par-dessus tout, en ces moments trop rares, cest quil devient poussière de Temps .
Petits instants de vie détachés de tout contexte, quil regarde passer, insouciant du fil qui, peut-être, les relie.
Voici sa mère , à contre- jour dans la lumière dorée de sa mémoire , qui repasse, en chantonnant, cette éternelle grande nappe bleue parsemée détoiles blanches
Voici la belle Mme H
, linstitutrice de ses 6 ans, debout sur lestrade, montrant aux élèves étonnés, du bout dune longue règle, le lieu où ils vivent sur une grande carte de la Terre.
Le même regard un peu sévère de ses premières amours
..
Les dents d'une femme lorsqu'elle rit, les cris des enfants en vacances, cette multitude de scintillements heureux....ô nostalgie.....
Mais le fond ténébreux, effrayant, sur lequel les étoiles dansent....
Entre les reflets mouvants et nacrés de la lune et la nuit marine sur laquelle ils jouent, son âme méditative hésite.
"Il faut tenter de vivre" dit le poète.
Et renoncer à la tentation de la Nuit...
Oui aux cris enjoués des enfants! aux éclats de rire! à tous les printemps de la vie!...
Certes "il faut"...
Mais quel suprême plaisir dut ressentir Ulysse, lorsqu'attaché au mât de son navire, il pût écouter le Chant de la nuit sans pouvoir y répondre....
"Il faut" dit le poète, et il dit bien.
Il se relève, et fait quelques pas, à la lisière de la mer, vers la lune souriante.
Puis il plonge dans la ville
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