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Hans Brinker, le petit héros de Haarlem par Annaconte

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Ainsi il marchait. En fredonnant. Au bord du canal qui longeait la digue. C’était la Hollande, ce pays bas, et plus bas que la mer Et la Zélande semblait bien gardée. Ici on empêchait vaille que vaille et depuis toujours L’ océan et les rivières d’envahir la terre fragile On empêchait les eaux d’accabler le pays. On savait aussi qu’une seule négligence Un oubli, une erreur, de l’éclusier, Pouvait s’avérer fatale Et causer la ruine de tous. Tout en trottant, l’enfant blond Remarquait combien les pluies d’automne Avaient gonflé les eaux. Cependant il n’interrompit point sa chanson. Des fleurs bleues saluaient au passage le bel enfant Qui comptait bien rapporter à sa mère un bouquet. La brise en haut des arbres accompagnait son chant Il crut même un instant voir s’enfuir un lapin dans les herbes Peu à peu la peur le saisit Le soleil venait de plonger au fond de l’horizon Et les ombres du soir se chargèrent de noir Il était loin de sa maison Dans un ravin solitaire Entre la terre et l’eau Son cœur se serra, il se prit à courir. Des histoires tragiques lui venaient à l’esprit D’enfants perdus la nuit au fond des marais Et que jamais on ne retrouva. Soudain un bruit d’eau tombant goutte à goutte Le fit tressaillir. Il scruta devant lui l’étendue de la digue qui retenait la mer Et aperçut dans les murs épais un petit trou D’où s’échappait un mince filet d’eau. N’importe quel enfant en Hollande frissonne à l’idée d’une fissure dans les digues Il comprit immédiatement le danger. Ce trou insignifiant, l’eau ne tarderait pas à l’agrandir Et ce serait le drame. Prompt et agile, il grimpa sur le mur Et, s’y installant à califourchon Se pencha pour atteindre le trou Et il y mit son doigt...Le pouce, dit l'histoire. Et un doigt suffit à l’œuvre : L’écoulement s’arrêta. La mer pourra bien s’acharner Pensait-il soulagé Tant que je resterai là Haarlem (c’était le nom de la ville) ne sera pas inondée. Au début, cela alla bien. Mais avec la nuit et le froid L’air finit par devenir glacial. Il se mit à crier, pour alerter quelqu’un. Mais personne ne vint. Il appela sa mère. Il implora son père. Son doigt, puis sa main, puis son bras Furent peu à peu engourdis par le froid « Alors il pria Dieu de venir à son secours, et la réponse lui arriva sous forme de résolution : « Je resterai là jusqu’à demain matin, » se dit-il. « La lune de minuit put voir la silhouette solitaire de l’enfant, non plus à cheval sur la crête de la digue comme au début de sa faction, mais couché sur cette crête, le bras étendu, immobile, le doigt toujours dans le trou. Le petit martyr avait la tête baissée, mais il ne dormait pas, car, de temps en temps, sa main gauche frottait fiévreusement son bras droit rivé à la digue, et parfois aussi son visage, se retournant vivement à quelque bruit réel ou imaginaire, apparaissait pâle et couvert de larmes à l’astre des nuits. » « Qui saura jamais les douleurs de cette longue et cruelle veillée ! Qui pourra dire les alternatives de courage et de défaillances de ce petit cœur intrépide, quand durant cette nuit terrible, il songeait à son bon lit qui l’attendait à la maison, à son père, à sa mère, à ses sœurs et à ses frères endormis. S’il retirait son doigt de ce trou, les eaux rendues plus furieuses par sa longue résistance, – il le pensait ainsi, – se précipiteraient soudain et ne s’arrêteraient que lorsqu’elles auraient balayé la ville entière. Oh oui ! il resterait là jusqu’au jour – s’il n’était pas mort avant ! – Certes, il n’était pas assuré de vivre jusque là. Que signifiait cet étrange bourdonnement dans ses oreilles ? Et puis ces douleurs aiguës qui semblaient le traverser des pieds à la tête ? Son doigt aussi avait enflé. Est-ce qu’il pourrait le retirer quand même il le voudrait ? « Cependant il demeurait pour le salut de tous. « Au point du jour, un bon prêtre qui revenait de passer la nuit au chevet du lit de l’une de ses ouailles malades, crut entendre dans le silence du matin et tandis qu’il marchait sur la partie supérieure de la digue, de sourds et faibles gémissements. Se penchant en avant, il vit l’enfant qui paraissait se tordre dans la douleur. « * L’enfant fut sauvé et il sauva sa ville. On reboucha le trou, on renforça la digue. Hans Brinker* le petit garçon est ainsi devenu un héros et une légende. Il y a aussi cette devise en latin du royaume de Nederland : Luctor et emergo (Je lutte –pour ne pas me noyer- et j'émerge des eaux). Quand on sait que les deux tiers du pays sont sous le niveau de la mer cela prend tout son sens. http://youtu.be/elIVVvKH2hw Documentaire sur Hans Brinker animation * D’après l’ouvrage de Mary Mapes Dodge « Les Patins d’Argent » 1865 http://www.litteratureaudio.com/livre-audio-gratuit-mp3/dodge-mary-mapes-les-patins- dargent.html

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