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Pensée pour les palestiniens en ce jour de commémoration de la Naqba par Loumir

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C'est un commentaire ancien qui évoque, plus que la Naqba (exode des palestiniens / 1948), le massacre de Sabra et Chatila (1982) . Je ne suis pas très en verve pour faire du neuf mais je pense que ce peuple mérite qu'on ait quelques fois une pensée pour lui. 1982 - Liban (septembre) Ils sont entrés en fin d’après-midi - et du haut de nos terrasses, nous regardions - sous la bienveillante impassibilité de Tsahal. ‘’Des non juifs qui massacrent des non juifs, en quoi cela nous regarde-t-il’’ disait le premier ministre. L’histoire jugera, peut-être, et peut-être qu’il sera dit un jour que le ’’boucher’’ a les mains couvertes de sang. Ils voulaient anéantir toutes les infrastructures terroristes, traquer à la lueur des fusées les derniers fedayins, - et du haut de nos balcons, nous regardions - quelle démence s’est alors emparée de leurs esprits, les poussant à perdre leur humanité ? 2 jours, 40 heures, 36 heures ? 700, 1300, 3500 ? civils massacrés, hommes, femmes, vieillards, enfants, bébés. Crânes défoncés, cuisses arrachées, bras coupés, corps éventrés, fœtus arrachés. 1982, j’avais 25 ans et je m’occupais d’un petit centre social dans une cité de transit. J’ai reçu de plein fouet l’horreur de cette abomination et partagé l’émoi de mes ’’frères et sœurs’’ arabes. J’ai compris ce qu’était la douleur, la haine, la culpabilité. 2004 - Liban (mai) Nous arrivons à Borj al Barajneh le jour de la commémoration de la Naqba (la catastrophe). C’est festif ; une foule immense, tout le camp est présent, se presse sur le terrain vague devenu ‘’place du village’’. Une estrade est dressée, et de magnifiques enfants vêtus des costumes de chaque région palestinienne dansent pour notre plaisir. C’est même joyeux. A Chatila, l’atmosphère n’est pas la même. La tension est palpable et tout le temps que durera notre séjour là-bas, nous ne serons jamais détendus. Je dors dans la famille de Marmhoud, toute la nuit la lumière reste éclairée hormis lorsqu’il y a des pannes d’électricité (fréquentes ). Ils sont sans cesse sur le qui-vive et je me rappelle l’affolement qui les gagne à chaque passage des voitures de police, toutes sirènes hurlantes quand elles circulent à la périphérie du camp. Je visite leur arsenal, ils veulent être prêts lorsque la foudre s’abattra encore sur eux, lorsqu’ils retourneront en enfer. Nous communiquons dans un mauvais anglais mais il n’est pas besoin des mots pour ressentir le tragédie d’un peuple marqué par l’exil forcé et l’impossibilité d’intégration, un peuple sans identité. Un peuple martyr dans l’incapacité de faire la paix avec son destin, et de laisser la mémoire faire œuvre d’apaisement. Un peuple traumatisé poursuivi par son malheur, terrible legs à ses enfants. Ce devait être un terrain vague. Il fut transformé en fosse commune après le massacre, sur laquelle a été édifié par manque de place un immeuble. C’est un des cimetières de Chatila, dans un rez-de-chaussée désert sur les murs duquel on peut lire une longue litanie de noms. « Je ne vous pardonnerai jamais d'avoir bouleversé un pays que j'aimais, dans une débauche monstrueuse de bêtise et de mort. Dans les camps de Sabra et Chatila, mon père et ma mère, que j'ai perdus dans l'holocauste, ont été assassinés pour la seconde fois. Itzhak Orpaz Irak, Tchétchénie, Rwanda, Afghanistan, etc… et du haut de nos balcons, nous regardons.

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