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J'en rote par Agia Galini

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Tu n’as jamais essayé d’ouvrir un commerce ? Parce qu’avec toute la bimbeloterie de mythologies en toc que tu traînes sous tes cernes, sans dec tu pourrais ouvrir un vrai bazar. On se souvient des idées noires que tu vendais à Camden Market, on connaît la chanson par choeur, on sait comment ça a foiré grave tellement ça tenait pas la route, mais maintenant que tu as l’expérience, ça marchera peut-être mieux parce que y’a pas à dire, tu es une vraie camelote. Tu vends des trucs assez honnêtes, ça on peut pas dire le contraire, affichage de l’origine, pas de micmac sur la marchandise, pas comme cet enfoiré de Papadogiannis chez qui toutes les minettes vont acheter leurs breloques qu’elles vont faire pendouiller entre leurs seins en arpentant la jetée telles des popettes portant encensoir. Ton problème c’est que tu as vraiment pas la bosse du commerce, la marchandise, t'as beau l'avoir, ça suffit pas. Tu devrais lui piquer son cupidon en plâtre, à Papadogiannis, celui qu’il a mis juste devant l’entrée de sa boutique. Les minettes y sont sensibles, et pas qu’elles, cupidon c’est pas seulement l’amour, c’est le cul ET le pidon, épidon les je t’aime, épidon les gosses, épidon la maison, épidon les factures, et pis donc surtout, à la fin, un ennui monumental. Secondo, arrête de parler de Kazantzakis et du Greco. C’est pas parce que des queues d’allemands rouges comme des restes de communistes sur lesquels on a greffé des comptes en banque trop gras se trimbalent avec la même citation de Nikos sur leur ticheurte suant « Dhen Elpizo tipota, Dhen Phovoumai tipota, Imai Leutheros" (démerdez vous avec la trad, j'ai plus d'électricité pour mon ordi) qu’ils ont seulement entendu parler de Zorba. Homère, pareil, oublie le retour de Troie, Ulysse c’est le nom d’un chien, y’a plein plein de chiens qu’on a appelés Ulysse l’année des U. Tercio : d’accord, tu n’es qu’une vieille camelote qu’en a vu, qu’en a su, qu’en a pensé, qu’en a vécu, et qui voudrait maintenant qu’on lui reconnaisse le droit de vendre de la qualité et ça, personne t’en empêche. Mais bon … Qu’est ce qu’on en fait quand on l’a chez soi ? Je te jure que moi, si j’ai le choix, en terme de qualité, je préfère aller acheter la féta de Maria Assomato, parce que tu vois, tu l’achètes et tout le long de chemin qui longe la mer, de retour chez toi, avec ton petit sac en plastique rempli de féta, tu penses à ce qui va se passer entre elle et toi à l’heure du repas, et le plaisir qu’elle va offrir à ton palais. Et puis surtout, entre le moment où tu l’achètes et celui où tu la consommes, il se passe un temps parfaitement ajusté, ni trop long ni trop court, celui d'un « vorfreude » raisonnable. Je te jure que je n’hésiterai pas à choisir Maria parce que toi, tu vends que du blabla, et le blabla c’est de la vraie daube à digérer, c’est pas une question d’esthétique, pas non plus une question de profondeur ni de qualité, c’est juste que ça ne nourrira jamais aussi bien que la féta de Maria Assomato. Tu n’as plus d’enfants, plus de mari, tu es une vraie solitude à toi toute seule, peut être que si tu avais su faire la féta, au lieu de blablater sur « l’essence de l’existence qui explose sous le feu de l’étincelle, dessinant dans un ciel d’orage l’arc en ciel irrisé de toutes nos petites espérances » (j’en ai des ballonnements, tiens, pour dire, j’en rote), si tu avais su recoudre mes chaussettes sans y voir une forme d’humiliation très mémère française qui pense que s’occuper d’un homme équivaut à nettoyer les chiottes d’un hôtel minable, si tu avais roucoulé quand je dansais le sirtaki avec Nikolo alors que jeune et belle, tu portais toi aussi les breloques que tu achetais chez Papadogiannis , tu n’en serais pas là, ma beauté fanée, ma pauvre camelote, ma poule aux yeux d’or, tu n’en serais pas là, à traverser chaque village au volant de ta caisse pourrie, un haut parleur attaché sur le toit avec trois ficelles, tenant d’une main un vieux micro trempé par tes postillons de femme édentée dans lequel tu craches tes histoires dont tout le monde se fout, même quand tu dis qu'elles valent bien la féta de Maria Assomato. (Explication du débandage : ce matin j'ai perdu d'un seul coup le travail de six jours de grattage de plume en faisant une fausse manip sur ma clé usb, j'ai crié ET MERDE au moins cinquante fois très vite sans respirer et je suis allée me jeter dans les vagues en me disant que j'allais nager jusqu'à ce que mort s'ensuive, je vous jure que j'étais complètement désarmée, ça faisait peine à voir et cet aprème j'ai trouvé un récupérateur de textes disparus (http://www.wondershare.fr/disk-utility/mac-word-recovery.html) c'est tout simplement dinguement merveilleux. J'ai remarqué que quand je déboule sur pcc, c'est toujours parce que je suis prise d'une faiblesse subite et accidentelle. Comme une foulure, une entorse, un truc chiant et passager, comme bandage de fortune, c'est pas mal, salut à l'utérus des bas fonds maritimes, vachement drôle le dopseu)

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