Ceux qui me connaissent un peu, savent que je n'aime pas voyager même si je ne suis jamais chez moi. Mes dernières vacances extérieures dates de l'été dernier, une semaine que j'ai écourtée. Après avoir visité le coin dans ses détails touristiques, je m'ennuyais. Je ne sais pas bien ce que ça veut dire, je n'ai pas peur de partir mais je n'aime pas faire les valises. Sans doute ce que j'apprécierai le plus dans les voyages c'est décoller sans le moindre encombrement. M'offrir un endroit de détente, seule avec moi même, sans pour autant que je me dérange. Une introspection sans question, une relaxation sans voix, un massage sans main...juste un bouquin et le temps qui s'écoule sans penser à manger : mon voyage à moi. Ces derniers mois j'ai fait quelques belles lectures faudra que j'en cause ici, enfin moi j'ai aimé. Ce que j'aime à la fin d'un livre c'est le rictus qu'il me laisse, une béatitude niaise et le temps en suspend. A contrario je déteste les dernières lignes qui annoncent le début de la fin, je suis si prés de l'adieu que parfois j'ai du mal à refermer les soufflets. Je reste immobile, comme en deuil. Il me faut souvent quelques mois pour aller à la chasse. Lorsque j'ai trouvé ma proie, je garde en mémoire un filet de l'autre mais déjà je le trompe avec le suivant. Il m'arrive d'être déçue et de ne pas terminer ma lecture, je suis amère, non par radinerie car j'achète toujours mes livres neufs -j'aime les vieillir au bout de mes doigts-, j'imagine surtout que je ne suis pas fière de mon choix. Pourtant en ce moment je n'ai jamais autant voyagé. Je me donne aux uns, aux autres dans diverses activités, je suis bel et bien occupée, ma vie est en mouvement comme je l'avais souhaité. Toutes mes capacités sont utilisées et à mon niveau j'apporte une petite pierre à l'édifice. Je voyage au bout de ma rue.
Il y a peu, un mur est tombé, mon équilibre et ceux des miens s'est vu malmené. La fenêtre qui s'est ouverte au lieu d'insuffler un nouvel air, m'a déstabilisée. Ce n'était pas une vision de liberté, puisque libre je l'ai toujours été mais ce trou béant s'ouvrait vers le vide, une pierre en moins et tout s'écroule. Enfin non pas tout. Je suis forte et tout le monde le sait donc on me fiche la paix," toi tu résistes à toutes les tempêtes, tu encaisses toutes les contrariétés". J'ai été forte, maitrisant chaque larme, retenant mon souffle pour passer aujourd'hui et aller vers demain. Mais chaque jour mes pas étaient plus lourds alors qu'ils devaient s'alléger...avec le temps. L'amour me harcelait, pas une minute de répit, il occupait mon silence. J'ai hurlé ma colère "ASSEZ", il a faillit se taire. Et c'est à ce moment là que j'ai craqué. J'ai vidé mon sac : du gâchis ! J'ai voulut résister mais qui peut résister à l'amour quand il est inscrit comme les mots sur les pages d'un livre. Auparavant je l'ouvrais en savourant ce modeste bonheur et voilà que je devais relire page par page pour comprendre si l'histoire avait du sens. Je ne savais plus si je devais calfeutrer le trou dans ce mur comme on met un bandeau devant ses yeux ou poser à la place un cadre solide pour inonder ma maison d'une lumière réconfortante. L'amour connaissait la réponse, il était convaincu que la rénovation valait le coup. Je ne suis pas femme à fermer sévèrement la porte au nez ni juger sans aider à la réparation. Je suis une femme amoureuse de la vie qui connait tellement son prix, qui sait qu'il ne faut pas la gâcher. Et quand l'amour pose ses pieds sur un vieux paillasson il faut savoir pardonner et se rappeler que nul n'est parfait. Le voyage intérieur qui a été le mien sera sans doute le plus exaltant. Je peux aller loin maintenant, je n'ai plus peur de rien.
↧