Le matin pour me rendre au travail, jaime bien passer par la rue La Fayette à cause du magasin «Coquelicot». Aujourdhui encore je suis aspirée par la vitrine, sublime et raffinée. Jévite les prix affichés. Revoir les éléments du budget.
Jy pense depuis quelques temps de toute façon.
Comme je décolle de la devanture, un téléphone portable sonne dans mon dos, sans doute à quelques pas de moi. Un homme répond Allô, oui
. non, je me réveille juste ! non, non, je ne dormais pas, jallais me lever
comment ? ah oui cest vrai ! Je ne sais pas, on verra demain
Culotté ! et cocasse.
Jaurais bien aimé voir la mine du gars disant ces mots dans lune des rues les plus passantes de Toulouse !
Il marche toujours derrière moi. Je ne le vois pas mais je peux limaginer.
La voix est plutôt assurée, grave et un peu rocailleuse. Un fumeur sans doute. Léger accent parisien, jaime bien.
Le timbre est voilé. Il a découché, jen suis certaine.
Je limagine grand (très grand) et brun. Non, plutôt grisonnant.
Jai envie de laborder et de sourire avec lui de cette supercherie. Mais comment me retourner. Il en serait sans doute gêné.
Je laperçois latéralement dans le reflet des vitrines qui défilent à ma gauche, au rythme de mes pas.
Après je vais devoir traverser la rue Alsace-Lorraine, puis le square du Capitole. Et sans doute le perdre de vue.
Je laperçois encore. Cest la dernière vitre. Une stature haute. Je lavais deviné. Et un pardessus sombre. Bien !!!! il a de lallure.
Je ne lentends plus, il a raccroché sur un « au revoir chérie, à demain ! »
Ça y est je ne le vois plus
Bref instant dépressif.
Je franchis la rue Alsace.
Toujours se méfier des vélos qui zigzaguent à cet endroit. Alors que lespace est piétonnier. A Toulouse, cest connu, les cyclistes sont rois.
Je rejoins le square. Grand et maussade dans la grisaille de ce mauvais printemps. Je vais le traverser en diagonale. Cela me raccourcira le parcours.
- Elena !
Cest Pierre
mon voisin. Dun bond, il avance à mon niveau Bonjour, je lui dis, tu nes pas au boulot ce matin ? et je lui demande aussi sil était derrière moi dans la rue La Fayette. (Jai osé cette petite provocation. ! ) il dit non et ajoute pourquoi ? Il précise quil sort de la gare et quil revient dun congrès à Biarritz.
Ouf, rassurée.
Pierre vit avec Natie, Un couple très sympathique et joyeux. On sapprécie.
Mais je suis en train de me retarder
Je le dis à Pierre. Il répond moi aussi, on sembrasse. A bientôt.
Le baiser amical dévie vers mon oreille. Jentends doucement « Tu es sympa, tu ne dis pas à Natie que tu mas vu. Je suis censé ne rentrer que demain matin
»
Il a fait une petite moue, jai opiné, on sest séparé.
Madapter à ce nouveau regard que je porte sur leur couple depuis moins de trois minutes.
Je suis maintenant sur la place du Capitole. Il pleut encore.
Il y avait un joli bustier vert pâle dans la vitrine de « Coquelicot ».
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