Quantcast
Channel: Les commentaires de Pointscommuns.com
Viewing all articles
Browse latest Browse all 5180

Au gris de l'ennui par Jules Félix

$
0
0
J’étais très inquiet. Johnny ne faisait sur pcc, dans sa base de données, que cent quarante et un fans et un seul commentaire (qui, en plus, n’a rien à voir avec lui). J’étais inquiet. Une star si connue, si persistante, ne faire que si peu d’adeptes sur pcc. Certes, Télérama et Arte sont plus appréciés dans ce site que TF1 ou Ouest France, mais Marc Lévy, Florent Pagny et d’autres artistes sont quand même à de hauts niveaux de popularité. Et puis quand même, plus de deux mille couvertures de magazines en plus de cinquante ans (son premier contrat date du 16 janvier 1960). Cent quatre-vingt-deux tournées, vingt-huit millions de spectateurs, mille chansons enregistrées dans soixante-quinze albums, le dixième de composées, plus de cent millions de disques vendus, dont quarante d’or, vingt-deux de platine, trois de diamant, huit victoires de la musique…et même pas cent cinquante admirateurs sur pcc ! En fait, c’était une faute d’orthographe. On ne dira jamais assez que Johnny prend deux y et pas qu’un seul : Hallyday et pas Halliday. Mais les fans ne s’y sont pas trompés : mille six cent quatre-vingt-cinq adeptes et vingt et un commentaires. Vingt-deuxième avec celui-ci. Ah non, ce n’est pas une faute. Il a commencé avec Halliday à cause de son beau-frère (c’était son nom de scène, danseur américain) et c’est le double y, la faute d’orthographe, qui a été mise sur la pochette de son premier disque (le 14 mars 1960). Dès sa première année d’enregistrement, il a déjà vendu plus d’un million et demi de disques et a reçu son premier disque d’or à sa deuxième année. Qui peut s’en vanter ? Le 22 juin 1963, il y a donc cinquante ans, le sociologue Edgar Morin (qui allait avoir quarante-deux ans) écrivait dans le Monde une tribune intitulée "Le Temps des Yéyés" (où l’on retrouve le double y). Moi, je suis un peu gêné par le Johnny national. Enfin, il ne me gêne pas mais j’ai du mal à dire ce que j’en pense. Il faut bien le reconnaître. Je n’étais pas un jeune ado prépubère dans les années 1960, et donc, je n’ai pas vécu ses débuts avec la même ardeur et le même enthousiasme que ses premiers admirateurs. Ou –trices, plutôt. Quand mon duvet commençait à mollement pousser sous mon nez, je croyais le Johnny déjà dans les livres d’histoire, déjà "fait", intégralement "fabriqué" et placé en "haut" de l’estrade (mais pourquoi ai-je mis des guillemets pour haut ?) comme si c’était normal, comme si cela avait toujours été. Vous avez d’ailleurs remarqué quand on pleure une personnalité célèbre qui vient de disparaître ? On refourgue les photos de sa jeunesse. On repère les airs de ressemblance. Mauroy, c’est à partir de quinze ans. Avant, méconnaissable. Après, trop reconnaissable : corpulence, visage de poupin, lunettes carrées, puis les cheveux blanchissent mais résistent au temps. On se dit alors : mais comment savait-il, jeune, ce qu’il deviendrait, vieux ? De Gaulle, c’est pareil. En 1938, il savait 1958 sans en connaître précisément la date. Tout est dans les esprits même si ce n’est pas encore accompli. Pour moi, c’était ça, donc, Johnny. Une star qui a toujours été star. Mais moi, je n’aime pas les stars. Parce que ch’uis élitiste. J’avoue bien humblement que j’ai quand même aimé certaines de ses chansons, mais je ne savais même pas que c’était lui (j’vous dis, je m’intéresse peu aux stars), Quelques paroles ou harmonie me suffisaient à alimenter quelques torrides moments : "Noir c’est noir" (1966), "Quelque chose de Tennessee" (1985), "Que je t’aime" (1969), "Laura" (1986)… Moi, c’était le Johnny des années 1980 qui m’avait accaparé le cerveau à peine fini. Certes, j’ai compris l’homme par les Guignols de l’info et leur fameux "Ah que". Mais je me dis que ce n’était pas son job d’être intelligent. On n’attend pas d’un chanteur qu’il soit intelligent, qu’il puisse comprendre les enjeux de la géopolitique internationale, mais seulement de bien chanter. Comme dirait un de ses premiers producteurs : « Tu fermes ta gueule et tu chantes ! » (mais lui a répondu : « Je ne vois pas comment je peux chanter en fermant ma gueule »). Et apparemment, vu sa constance, sa permanence, au fil des générations, ses styles très différents, ses looks également diversifiés, il a réussi à rassembler autour du monde un très large public, de tous pays, de tous âges. Parmi ses auteurs, je peux citer Charles Aznavour, Philippe Labro, Daniel Balavoine, Michel Berger, Jean-Jacques Goldman, Zazie et Sandrine Kiberlain (mais il y en a plein d’autres). Ses femmes ont nombreuses et parfois talentueuses : Sylvie Vartan (du 12 avril 1965 au 5 novembre 1980), donnant David le 14 août 1966 ; Élisabeth Étienne (du 1er décembre 1981 au 3 février 1982) ; Nathalie Baye (de début 1983 mars 1986), donnant Laura le 15 novembre 1983 ; Adeline Blondieau (du 9 juillet 1990 au 11 juin 1992 et du 16 avril 1994 au 9 mai 1995) ; Laetitia Baudou (à partir du 25 mars 1995), adoptant Jade en novembre 2004 et Joy en décembre 2008. (Merci Wikipédia qui en met plus sur Johnny que sur Einstein !) (Je m’aperçois que lorsque j’ai apprécié quelques-uns de ses titres, l’homme était célibataire ; j’aurais dû en parler aux copines, zutalors !) Indiquons enfin que le chanteur n’est pas plus belge que je suis reine d’Angleterre. Il est de nationalité française, né à Paris d’une mère française et sa belgitude ne provient que d’un père belge indigne qui ne l’a jamais vu sauf payé par des magazines people pour quelques photos d’une rencontre factice lorsque le fiston était au service militaire. Pour des raisons fiscales, Johnny avait demandé la nationalité belge en novembre 2005 qu’on lui a refusée (il ne parlait pas bien le belge) et, par dépit, s’est installé en Suisse en décembre 2006 pour échapper au fisc français. Ah… euh… au fait… Pourquoi ce com’ ? Aujourd’hui, Jean-Philippe Smet quitte ses soixante-neuf balais. Le voici désormais septuagénaire.

Viewing all articles
Browse latest Browse all 5180

Trending Articles