J' avais beau être occupée à mon plaisir, j'avais bien remarqué ton manque d'élan, en retour.
Bien sûr que ta main, que tes doigts qui me cherchaient, que ta langue, que ton sexe, que tout de toi me soulevait et m'emportait, et j'aurais pu y croire. A ton ardeur, à ton désir, à ta toujours vive passion.
Tu m' emmenais si loin que j'en oubliais tout, jusqu'à moi-même.
Pourtant, cette nuit, j'étais consciente de ton manque de fougue. Entre deux déferlantes, je sentais bien que tu n'étais pas vraiment là. Tes gestes trop parfaits, trop précis, presque trop tout. Redoutables pouce, index, majeur...Insatiable langue curieuse de creuser mon sillon. Avide de me boire. Coups de butoir rythmés et profonds. Comment savais-tu ? comment trouvais-tu ces chemins ? Où étais-tu pendant que tu me fouillais ? Comment comprenais-tu quand j'en redemandais ?
Tes gestes d'artiste, toi le peintre, moi le tableau. Gestes lents, presque trop tendres...
Cette douceur pourtant appréciable d'autres fois, cette nuit, m'a agacée.
J'aurais voulu être putain. Tu me faisais épouse.
Tes caresses trop nettes, trop lisses ont fini par me glacer.
La nuit s'est séparée, toi d'un côté et moi de l'autre.
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