Torpeur.
Torpille.
Vendredi, dix-sept heures quatorze, dans une gare de banlieue. Attente sur les quais. Grand soleil. Chaleur. Fin de la semaine. Week-end. Peut-être même vacances. Les esprits sont calmes. Les humeurs sont optimistes. Les pensées sont heureuses.
Cest tout simple, le bonheur.
Cest attendre un train.
Lattente peut être agaçante.
Lattente peut aussi être impatience.
Elle est aussi le sas, lantichambre.
La salle dattente, la connexion.
Entre deux vies, entre deux périodes.
Et puis, soudain.
Soudain.
Des gens qui nont rien demandé.
Qui ont eu un peu chaud.
Désolé de réagir ainsi.
Sur le chaud. Juste lémotion.
Rien dintéressant sinon.
Nombreuses victimes selon la préfecture.
On attend le ministre des transports.
Le préfet nest pas encore là.
Le député de la circonscription fait
déjà de la retape sur les chaînes info.
Le président de la sncf est arrivé.
Le président de la république va faire son entrée.
Mi-juillet.
Météo excellente.
Tout devait être au beau.
Un Corail coupé en deux.
À lentrée de la gare.
Austerlitz Limoges.
Six wagons qui se retrouvent sur une autre voie.
Un quai et un poteau.
Les secours sont déjà arrivés depuis longtemps.
Difficulté des évacuations par les airs, à cause dOrly.
Désincarcération à faire aussi.
Mécanique et électricité.
"Écrasés"...
"Électrocutés"...
Sait-on à quel point lénergie est comme loxygène ?
Indispensable à la vie.
Et mortelle à la fois.
Émotion.
Une petite pensée
À toutes ces familles
Qui en quelques minutes
Ont leur vie foutue
Définitivement foutue
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