Elle est bien plus petite que lui. Il doit vraiment se pencher. Elle doit vraiment se hisser un peu sur la pointe des pieds, et bien tendre ses lèvres vers les siennes. Ils ne se touchent pas. Leurs bras le long du corps, ils n 'osent pas. Ils sont comme en suspens.
Tout à l'heure, il bougera.
Mais la voici qui avance son ventre vers lui. Presqu' à le toucher. La chaleur pulse derrière son nombril. Il voudrait la serrer plus avant. Mais c'est elle. Elle s'approche et presse effrontément son pubis contre sa jambe. Il a envie de la soulever et de la plaquer contre son ventre à lui. Presque brutalement.
Ils sont comme deux pièces d'un puzzle, il faut absolument les rassembler. Les faire s'emboîter. Il y a une impatience avide entre eux.
Elle est petite et il doit un peu se contorsionner pour l'atteindre. Déjà ses lèvres, qu'elle doit soulever jusqu'aux siennes, il faut les sceller. Trouver sa langue aussi. Fouiller l'intérieur de sa bouche ronde. La rendre folle en se décollant d'elle. Puis revenir.
Mais c'est elle. Elle vient d' enlacer sa jambe et s'accroche à lui comme à une liane, elle se balance mollement et se frotte. Comme en apesanteur. Une chatte c'est l'idée qui lui vient ...Pour un peu on dirait qu'elle ronronne. Mais pas seulement, la voici qui l'escalade carrément, et se cramponne à ses reins. Elle cherche le point dur de lui...elle veut visiblement s'y coller. Sa bouche désormais est à la bonne hauteur, elle lui tête la langue dans un bruit vraiment impudique de succion, lèche, suce, mordille, mord, pince ses lèvres jusquau sang , de chatte elle est devenue ogresse et il est à sa merci.
Mais cela lui va. Il en a profité pour faufiler sa main sous la jupe et il y est presque. C'est humide là-dessous, il n'y a qu'à suivre la pente douce, et puis, comme le saumon, remonter la rivière...
Pendant qu'il se fraye un passage au milieu des dentelles, elle, plus vive, a trouvé son chemin à lui, et, à force d'étirements et d'acrobaties inouïes, vient de conquérir une place idéale, et entend bien là, et tout de suite, s'y maintenir. Et d'ailleurs, sans faillir, elle s'empale sur lui et séance tenante, entreprend de tourner comme un derviche, en enserrant ses cuisses autour du mât dressé.
Il n'aura pas grand chose à faire cette fois. Il suffit qu'il la tienne bien, pour l'empêcher de glisser, car la position est périlleuse. Cela ne l'empêchera pas de la suivre dans son plaisir et d'abonder avec elle et au même instant.
-Finalement, il avait toujours cru préférer les filles grandes. Question d' esthétique et de confort. C'est vrai c'est plus simple. Mais il venait de découvrir que les petites quoiqu'on en pense, avaient du répondant, et en incandescentes amoureuses, allègrement, grimpaient et sans vergogne, au plus haut des mâts de cocagne sans s'en laisser conter ! -
Voilà. L' ombre descend. Comme une fleur, elle vient de se laisser tomber sur le tapis. Elle a des perles sur le front. Et un baiser suspendu à sa bouche.
Et comme sous la lampe, il se penche à présent, sur ses yeux de noyée qui le remercient en silence, dans un éblouissement de la pupille considérablement agrandie par le plaisir, soudain il "distingue un étang entouré de collines, au milieu duquel vogue une barque où dort un tout petit enfant. Des hordes de cerfs et de sangliers sortent des bois de la poitrine et des cuisses, pour le humer, l'honorer de bouquets d'haleines. Le soleil se couche dans ce paysage intime. Il y fait bientôt nuit capiteuse. C'est alors que se lève le jour d'autrui." *
*merci à Michel Butor de tant de beauté (Anthologie Nomade)
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