Aya de Yopougon, cette délicieuse gazelle ivoirienne est de retour mais pas sur des planches. Ses auteurs ont décidé de la faire vivre sur la toile de cinéma. Si l'esprit et le scénario de la BD sont respectés, si les situations sont toujours aussi cocasses, si les accents et la mise en couleur nous plongent parfaitement dans l'Abidjan des années 80, le défaut d'animation est patent, Aya bouge moins bien que dans la BD (si si je vous assure) mais c'est un film d'animation frais et qui ne ressemble pas aux autres (triple si), les éclats de rire étaient bien présents dans la salle.
Enfin pour ceux qui aiment les BD, ne boudez votre plaisir, plongez dans les différents tomes d'Aya, c'est un régal (en bonus des recettes avec le fameux cube maggi à toutes les sauces).
Et ici en bonus pour les lecteurs d'août de PCC : la réédition remaniée de ma critique sur la BD
"Encore une BD coup de coeur. De celles qui touchent par leur humanité et leur ouverture sur le monde. Un autre monde quon aura pas toujours la chance de connaître en vrai mais qui par la magie de quelques vignettes et bulles semblent bien réels pourtant.
Aya est écrit par Marguerite Abouet, qui est née à Abidjan. Les dessins superbes réalisés par Clément Oubrerie rehaussent le tout (ah ces gracieuses gazelles avec leurs grands yeux).
Très vite on est touché par la vie ces personnages hauts en couleur et on a limpression de vivre dans ce quartier populaire d'Abidjan
Lhistoire débute en 1978. Aya fait partie dun trio de jeunes filles ; Aya est la plus belle de la bande mais aussi la plus « intellectuelle », un peu celle qui reste en retrait et observe les évènements en essayant de calmer le jeu, ses deux copines sont nettement plus délurées et adorent aller faire la fête au maquis, des restaurants en plein air où elles peuvent danser et appâter les genitos (des jeunes hommes qui ont les moyens de les faire danser avec leur argent).
Ces trois là ont chacune une famille avec des pères plus ou moins fiables et des mères actives mais qui
et plein de frères et surs
et des cousins, etc
Ce qui est bien cest que lauteur arrive à nous faire aimer des personnages à priori antipathiques tel que le gros directeur dune boite de bières, qui semble puant de suffisance au début et dont on perçoit petit à petit la finesse, son fils puéril et neuneu, les copines dAya qui parfois sont dun égoïsme intenable et même Aya qui de temps en temps semble quand même se la pêter un peu. Aller Aya sois moins raisonnable, non mais !
Rajoutez à ça des crises familiales quand lun des pères veut prendre seconde épouse, quand une des copines se fait "enceinter" et quelle épouse le jeune neuneu prétendu père mais que surgit soudain le portrait tout craché du vrai père en scène finale du premier tome, des réflexions intraduisibles (je croyais que Dêh était le nom dune des héroïnes), des engueulades (je vais faire palabre la prochaine fois, ça le fait je trouve), et des héros qui ne payent pas de mine mais qui sen sortent, comme le cousin tout maigrichon, amoureux transi dAya qui lui demande papier de blanc (lui apprendre à lire et à écrire) ou la petite bonne quAya prendra aussi sous son aile.
Certes les hommes nont pas la part belle, ils ne pensent quaux jolies filles et plus ils sont vieux, plus ils pensent à de très jeunes filles. Les femmes éructent et piquent des crises, ils rentrent dans le rang non sans avoir accru leur descendance entre temps grâce à leur bangala tout frétillant. Et cest reparti pour un tour de bières
Mais les personnages ne sont jamais totalement infects, leurs maladresses, leurs colères, leurs doutes et hésitations font sourire et nous rapprochent deux. Les dialogues et les réparties fusent, souvent plein de finesse et même de sagesse. Il y tant de vie et de vies dans cette histoire ; le dessin clair et lumineux y est aussi pour beaucoup.
Ca donne envie de découvrir lAfrique en vrai ou si on ne peut pas, le prochain tome dAya qui devrait ne pas tarder
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