Ce jour, le 18 neuf,
Dans la soirée, nous traversâmes la cité ( phocéenne pour Marseille)
de Sainte-Geneviève, ( ne soyons pas mal poli avec la Sainte)
Du Sud au Nord, plus précisément. ( Lors donc, pas de panthéon à lhorizon )
ta mère sest assise entre deux Monsieur. ( Monsieur Monsieur navaient pas de chapeaux bizarres)
Et toi, elle te posas délicatement, juste en face de moi, jétais le Monsieur à coté du couloir,
tu étais cette fillette en rose flamand rose ;
avec un pantalon retenu par des bretelles, et ça te donnait un air clown ;
tu portais des couettes qui te faisait un papillon 3D tout frisé au dessus de la tête.
A cause de ton petit âge, tu ne regardais pas dans le vague au delà des rails ;
mais, surtout, tu regardais ta mère.
ta mère, cétait toi en plus âgé (Pourquoi je pense à la femme de trente ans !) ;
ta mère, avec de beaux cils, des yeux derrière de gros hublots qui lui donnait un air de secrétaire sérieuse de bureau
(du capital en « isme » de gant de velours !)
Avec de bonnes joues bien pleines, avec une petite bouche gourmande
Ta mère, cétait une personne qui attira mon regard et peut-être mon désir sy serait engouffrait si ce nétait que
Sauf que cétait toi aussi que je remarquais ;
toi, et tes petits bras sagement alignés le long de ton petit corps de poupée ;
Toi, et tes petites jambes dont les pieds dépassaient à peine le rebord du fauteuil.
Il a fallu que tu ouvres les bras vers ta mère,
qui te manquait déjà, à qui tu manquais déjà.
( Jai en tête ce tableau de Millet ou le petit enfant fait ses premier pas)
Bientôt, je ne vis plus quun fauteuil vide devant moi.
Puis, Soudain, jai senti quelque chose qui poussait contre mon épaule
Jai vite compris sans me tourner sur le coté, que
cétait ta petite tête qui sappuyait de temps en temps sur mon épaule.
Je ne disais rien, je restais là à mimaginer
ce que ta mère pourrait avoir à y redire,
dune telle manifestation de ton être, et involontaire de ta part.
Il se passa quelque remue-ménage à coté de moi et je ne voulus pas tourné la tête ;
aussi, je regardais furtivement le plafond, où je savais que je verrais dans le reflet.
Je vous ai vues, toi et ta mère, vous jouiez à un jeu
Ta mère faisait le fauteuil, c'est-à-dire, que
ses bras et ses mains étaient devenus les accoudoirs,
les mains surtout, avec les doigts serrés les uns contre les autres,
et mains plates dont la paume soffrait vers le haut, à lhorizontale.
On aurait dit une statue antique doffrande !
Et le jeu consistait, il me semble,
pour le rôle de ta mère, à rester complètement inerte, quand toi tu lui tapais avec tes mains à plat
et ça, que tu frappais fort !
Et sur les accoudoirs de ta mère !
Et puis, ta mère ta reposée sur le fauteuil, en face delle.
Maintenant, vous vous faisiez face à face.
Moi, le Monsieur distrait, jeus le regard oblique, comme je limaginais à lautre monsieur.
Aussi, Je navais pas toujours lil sur ton aventure existentielle,
il arrivait quil fuite à gauche, mon il de bille au rayon de chocolat
Et quil roule sur une dame, toute isolée sur son fauteuil, à ma gauche après le couloir, et toute penchée contre la vitre, et toute pensive, peut-être de la journée fraîchement écoulée
Et toute sa famille- jeune garçon et mari- que je saurais plus tard être assise derrière moi !
Je ne te regardais pas spécialement, pour mattendrir à ta joliesse de jeune fille en rose ,
mais je faisais comme si de rien nétait, jétais ce passager qui savait quil passerait vite.
A un moment, jai vu dans ton regard, que lautre Monsieur y faisait quelque chose
Et à vrai dire, je navais pas envie de me tourner vers lui pour le voir, faire ses mimiques !
Car, sans doute, je la connaissais, la scène de lattendrissement.
Et puis, comme les places était libre de part et dautre de toi,
Ta mère est venu sassoir juste près de toi.
Et maintenant, javais ta mère en face de moi !
Et je dois te dire que je la regardais, ta mère ;
mais pas fixement, seulement comme ça, naturellement, à la volée
Comme toi dailleurs ; aussi, je ne vous fixais pas toutes les deux comme un ahuri !
Cest là, que jai pu voir comme ta mère était belle.
Mais jamais ta mère ne ma vu,
Ou alors, je ne men suis pas aperçu.
Ca voit tellement bien, une femme, avec des yeux discrets, à la dérobée.
Et puis, une honnête dame ne regarde pas les hommes, juste pour leur montrer quelle les regarde
Si ne nétait quelle eût une intention par derrière la tête
Mais aussi, tu étais son seul point dattraction ;
sans cesse elle te regardait, tranquillement elle te regardait, sans une once de perplexité.
Tout de même, elle était penchée vers ton coté
Et toi, tu tes mise à jouer avec tes bretelles,
tu faisais comme Laurel et Hardy
Un jour, sans doute, tu les verrais ces deux marrants, à la télé ou sur un écran technologique.
Tu as tiré sur tes bretelles qui étaient élastiques, aussi tu les as relâchées dun seul coup !
Et au passage la bretelle a accroché ta joue bien pleine ;
et tu nas même pas bronché !
Pour autant, tu as pincé ta joue avec ta main, en faisant un signe- ou un son que je nai pas entendu- à ta mère, et elle na rien répondu, et tu ne parlais pas car tu navais pas encore lâge.
Et je me doutais, que ta mère avait compris ce quil tarrivait : un petit bobo.
Et moi jai réussis à te comprendre, surtout quand tu as montré ta joue, avec ton index, en prenant cette expression des sourcils, sourcilleux, et penchant ta petite tête sur son coté,
Pour lexprimer, que tu voulais que ta mère te fasse un gros bisou.
Ce que ta mère sempressa de faire
Ce gros bisou, que jai entendu « smacker », et qui tas réconforté tout de suite.
Et le bobo se fut envolé avec le bisou, comme par magie.
Nous passâmes à la station Chatelet
Ta mère tas repris dans ses bras avec toute la douceur tranquille dune mère,
et là, je tai vue te laissée aller à toute ta tendresse pour elle ;
tu taccrochais à son cou, tu te plaquais tout contre elle,
tu reposais ton oreille contre le haut de sa poitrine, était-ce pour entendre battre son cur ?
Et ta mère te retenait par une seule main, à ton petit croupion ;
ton petit croupion quelle avait tout entier dans sa main.
Comme la gare du nord arriva vite ;
vous étiez déjà debout devant moi ;
Tout le monde dans le train et sur le quai qui commençait à se tasser.
Est-ce que tu dormais déjà dans les bras de ta mère ?
Jai jeté rapidement un il au monsieur de la vitre,
le monsieur te regardait, il en faisait toute une simagrée !
Je crois bien que tu as relevé la tête pour le voir, comme il était ridicule ;
Tu ne devais pas bien comprendre ce quil cherchait à te dire,
avec tous ces mouvements de muscles sur son visage
Quil devait être tout conquis à tes charmes !
Je vous suivis si peu en gardant de lespace entre vous et moi ;
Le temps dune descente du train, à larrêt provisoire.
Il a fallu passer le ravin, et là, je vous ai perdues de vue ;
vous étiez des disparues, toute les deux, dans la foule du quai de gare.
Cest à cause du ravin !
Cest à ce moment là quand je regardai où je mettais les pieds.
Cest le ravin qui sépare le train du quai.
Un ravin, où toutes sortes dobjets hétéroclites y traînent dans le fond,
sur des cailloux violacés et calamiteux.
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