L'histoire est en cours, mais j'en connais déjà les maux de la fin, qui seront évidemment les mots de la faim. L'histoire ne sera pas un long cours tranquille, elle s'achèvera dans un cours bouillon. C'est moi qui partirai car l'envie de rester sera trop forte. Tu n'en changeras pas le cours, tu le laisseras filer, en bâillonnant tes envies contraires. L'histoire continuera longtemps à nous empêcher toute autre histoire. Il lui faudra du temps pour qu'elle s'achève en fin.
L'histoire est sans fin, sans cesse elle se renouvelle. L'histoire, si tentés qu'elle en soit une, si tant est qu'elle le soit, aurait t-elle déjà commencée ? Derrière les échanges se tramait un fil que ni l'un ni l'autre ne voulions rompre. Nous nous jetions à corps éperdus, à corps déjà perdus dans les tumultes des braises désirantes. A nous échauffer par avance de nos retrouvailles incertaines.
L'histoire était universelle et nous en connaissions la partition. Pourtant nous ne nous lassions pas d'en jouer chaque note, encore et encore pour mieux en partager les sens. Y aurait il eu un moment que nous n'avions pas vu où nous aurions pu préférer une autre musique ? Très vite, nous n'avions plus entendu que celle ci. Nous en savions la montée crescendo, en présumions l'acmé jouissive, en pressentions les soubresauts successifs du final plusieurs fois différé mais inexorable.
L'histoire eut lieu, elle se fit le je de nos inclinations, le tu de ce qui ne devait être dit. L'histoire cessa très longtemps après quand enfin elle s'empoussiéra dans la bibliothèque des souvenirs. Jusqu'au jour où quelqu'un la ressortit de l'oubli et ouvrit le livre. Sans doute serait-ce à ce moment là qu'elle recommença de nouveau son jeu, avec d'autres je tu et poursuivit son cours.
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