La puissance de Jodorowsky lui vient du lien fort qu'il entretient avec le spirituel. Il ouvre la porte du sens, du sens profond, intime, à la fois enraciné dans notre terreau psychologique, et ouvert au firmament spirituel. Avec lui, tout est symbole. Et le réel n'existe que pour nous signifier quelque chose.
Que ce soient les évangiles, qu'il traduit à merveille dans notre langue réaliste in "Un évangile pour guérir", nous guidant et nous éclairant pour y puiser un sens à nous perceptible, ou le tarot qu'il nous offre comme un langage (in "La voie du tarot"), Jodorowsky toujours se fait miroir de la lumière. Un miroir qui nous renvoie une lumière qui ne nous blesse pas, un reflet, simplement, tout comme Socrate qui tâchait d'initier ses disciples à la lecture des ombres et de leurs signes projetés dans le tréfonds de cette caverne où nous vivons tous.
Et ce qui est bon, c'est justement qu'on y soient tous, tous ensemble, dans cette grotte. Pas un qui puisse se prétendre au dessus ou en deçà, ni Socrate, ni Jodorowsky. Comme Diogène dans son tonneau, chacun peut dire à un Alexandre, "ôte toi de mon soleil", car le soleil nous éclaire tous, et nul ne peut briller autant que l'astre du jour, même pas Alexandre le Grand. De la même façon, Jodorowsky, maître es Foulosophie, met chacun face à son humanité. Toute simple, fragile, mais aussi si lumineuse et transcendante, se tenant au juste milieu de l'univers, et ne tenant debout que parce que tiré autant vers le haut que vers le bas, vers la droite que vers la gauche. Un juste équilibre des forces, "humain, trop humain", là dans cette vie, dans le but à la fois fou et bouleversant, de dire, de nommer, ces tensions qui le maintiennent là. Ou peut-être juste pour voir le monde, et dire comme il est beau.
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