Le bouquin a eu le goncourt. Documentation fouillée, habitée, personnage complexe, un peu trop , presqu'artificiel.
Je ne vais pas détailler le contenu de ces 900 pages.
ça parle d'un directeur d'usine du Nord qui fut d'abord matricide, frère incestueux, assassin de flic, assassin de son meilleur ami...
...et puis évidemment c'était un cadre de la SS, un genre de polyvalent, juriste, qui a donc traversé toute la guerre et visité tous les sales endroits de la catastrophe.
Tout l'objet du livre est de se mettre à la place d'un gars, sensible, rebelle, qui devient cadre d'une des plus atroces monstruosités que l'humanité ait accomplies. Je dis l'une des, parce que nonobstant le grand respect que tout chrétien doit aux juifs, on ne peut nier que le massacre est une activité récurrente de l'humanité. Et puis ce n'est pas un concours, il me semble.
Bon ok il n'y a rien eu de pire. C'est vrai. Et dans ce phénomène monstrueux ceux qui ont été le plus moulus, concassés, déchirés furent les juifs d'Europe, en tant que peuples, familles, individus.
Le but étant de comprendre "Comment ?"
Il vaut mieux lire le livre.
Pour mon propos de ce soir je me permettrais de souligner, la gradation, la brutalisation progressive. Ce fait est important. Pour nous. J'y reviendrai.
Une chose qui regarde avant tout les nationalistes de tous les pays, dont les sionnistes, selon moi , c'est les comparaisons qui sont faites entre peuple allemand et juif.
J'y adjoindrais l'incroyable discipline que les allemands ont imposés à leurs alliés et pays conquis, , comme la France de Vichy, autant qu'à ces gens qui ont été massacrés.
Mais plus que tout, il faut parler de la peur, de la terreur, de Staline. Le moteur de la discipline, de la tolèrance à l'égard d'Hitler, détonateur des frustrations allemandes d'entre les deux guerres, c'est la terreur des bolchéviques.
Ensuite c'est la technique mafieuse de "mouiller" les gens. Une fois qu'ils sont mouillés, qu'ils ont franchi leurs propres bornes, il n'y a plus de limite.
La brutalisation progressive ... c'est le phénomène qu'on connait tous. On commence par laisser passer un petit filet d'eau, et puis on ne peut plus arréter le flot qui détruit les digues.
Il me semble que notre époque nous conduit, gentiment, à une période qui sera très meurtrière et très horrible en Europe.
A moins bien sur que l'intelligence prime, surtout celle du coeur.
Pour que l'intelligence prime il faudra que certains brutalisateurs soient amortis.
Je ne pense pas spécialement en politique. Quoique les mensonges et la corruption soient des facteurs de brutalisation.
On pourrait citer les fronts. Mais d'une certaine manière la brutalisation n'est pas une question d'opinion, pas du tout.
C'est une question d'acte.
De ce qu'on se permet ou pas.
C'est aussi une question d'aveuglement, de ce qu'on accepte qu'on nous serve comme fadaises et mensonges.
Une phrase revenait souvent dans le livre de la part de diffèrents intervenants "les femmes et les enfants aussi ?"
Au passage c'est d'un sexisme ! On peut tuer des mecs, mais les gonzesses, non ? Je rigole.
Ce qui se faisait jour dans leurs consciences à ce moment là, c'est qu'en fait s'ils avaient réfléchi à leurs choix précèdents, ils avaient déjà la réponse, et ils avaient partagé ce choix.
Je vais vous rassurer, les gentils inconscients, quand ils en prenaient conscience n'avaient plus qu'une hâte se faire punir par les russes. Et ça, la punition ils l'ont eu, les pauvres. Oui aussi, les pauvres.
Les Nazis étaient des gens extraordinairement corrompus. D'un certain point de vue pas du tout allemand, dans le cliché.
Le plus curieux c'est que dans les discours fédérateurs de l'anti-sémistisme on trouvait des phrases qu'on pourrait croire extraite de certains discours actuels. Surtout dans ceux des fronts.
L'époque est diffèrente.
Et puis ce n'est qu'un roman.
Il y a une phrase dans le bouquin, un type , je ne sais plus de quel bord, dit "mon frère n'est pas mort pour un frigo".
C'est la limite des protestations dans les sociètés matérialistes, rationnelles, on ne meurt pas pour un frigo.
Pour quoi meurt-on ?
Pour quoi tue-t-on ?
↧