Lumières sur la source vers laquelle il marche, un vivre austère sous les pas .
Automne ou hiver, je ne sais plus . Autour de lui, frimas, feuilles et puis, - comment tout ça a commencé ? - , le jour . L'heure, celle d'avant midi, et l'enfance encore en premier .
Au loin passent des michelines sur les plaines, rouges et blanches, avec des musiques connues .
Un peu de répit entre les deux foyers, à gauche, celui de leur promesse, à droite, celui de leur école . Rien pour entendre autre chose qu'un bruit qui ronge leur attente . Nulle autre cause, sinon celle de nier, comme autrefois d'aucuns les eussent eux-mêmes délestés de tout soucis semblable .
Des anges de pierre sont, qui veillent . Un chemin ouvert qui corrode et forlonge la vallée .
Je suis ici, entre mes deux familles, entre mes quatre peuples, et plusieurs lieux ou mémoires, perdu comme entre les éléments du puzzle, une enfance préservée entre nomades et sédentaires, particule de mémoire dans l'onde assez mauvaise d'un pays dont seule la langue m'est de vrai une famille . A l'école, puis sous le chant du hasard, un peu de chants ou de couleur venus d'ailleurs, Christmas Carols et apricot jam ...
La marche commence une fois midi passé . Ma grand-mère, la vraie, me tient par la main et me mène à la source: nous sommes à Langres, en 1973 . Etait-ce en novembre ? Je ne me souviens pas . Autrefois, le petit dieu Hasard ou le génie des carrefours protégeait le voyageur ici venu de sa paix, comme entre deux périples un silence enseignait les devins que les humains mêmes ne devaient pas savoir par d'autre moyen que le " ne pas savoir " le plus élémentaire ce qui, au terme de leur route, pouvait bien les attendre .
Une rose d'or, là, sur les rebords de la fontaine . La vasque du XVIII ème siécle entoure les bulles qui montent entre grenouille et tortue de pierre, inscriptions latines et françaises, pans de murs de guingois, et blasons effacés.
Une maladie qui abdiquera presque quarante années plus tard y commence, déjà .
Le temps d'une pensée, la lumière blanche du soleil hiémal encore semble veiller . La nuit ? Des rêves qui surviendront eux aussi, avec leur cortège d'Orphée et les lumières de la mémoire quand je lirai les lignes.
Où êtes-vous, vies justes et brèves, quand l'indivise aurore, enfin, est ?
Seconde naissance, un val et, pour la meilleure fois, une rivière .
Seine .
- à Paris, le 22.11.13. à 13h43,
pour une âme autrefois rencontrée, entre deux silences et du rouge & noir ... In situ !
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