Hier nous étions ensemble. Nous étions ensemble toute la nuit. J'ai longtemps hésité à te le dire. Jusqu'à ce que nous soyons déjà nus, allongés sur le lit. Les larmes se sont mêlées à nos jouissances, à nos sueurs, sans que l'on sache d'où venait cette pluie de regret. Dans cette osmose, les vagues nous submergeaient d'émois d'une intensité sans pareil.
Hier, le demain s'est transformé en matin sans se pauser quelques heures. Accolés l'un à l'autre, abouchés, nous n'en n'avions pas fini de ce désir qui nous étreint. Inextinguible. Tu ne voulais pas te résigner, mais tu ne pouvais rien objecter, rien me faire entendre hormis les chants de plaisir aux multiples octaves.
Hier nous étions. Ce soir je suis. Vois tu, mon particulier, attachée ainsi, il me fallait partir dans cette acmé. La suite était convenue et inconvenante. Sans doute du temps longtemps ségrènera dans le nostalgie de ce qui ne sera jamais, de ce qui ne pouvait être. Ô toi que j'eusse aimé, ô toi qui le savais*...
Hier nous. Aujourd'hui je à reconstruire. Et toi à côté, à éloigner. A partir à reculons, dans l'envie insensée d'un espoir jamais nommé. Indicible. Auquel je n'ai jamais cru. On ne change pas les autres. Savoir écouter et tenir compte des préambules. A retenir ce que tu m'as dit.
Hier. Le passé à décomposer. A laisser filer. Sans pensées. Plonger dans l'absence et le manque qui cisaille. Ne rien dire. S'ensilencer. Ne plus t'être. Never.
Hier, nous étions ensemble.
Ce soir, tu n'es plus.
Je t'ai quitté.
* Charles Baudelaire
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