Elle adorait le regarder danser. Fascinée, elle le voyait onduler sans effort avec ce sourire particulier entre la timidité et la douceur, sourire que contredisaient tous les mouvements de son corps qui suivaient le rythme de la salsa dans ses moindres nuances. Elle le voyait faire tournoyer sa partenaire comme elle avait elle-même tournoyé quelques instants plus tôt et déjà la nostalgie de leur échange sincrustait en elle, une danse et cest tout, cest déjà tout.
Kizomba maintenant, oh la la cétait chaud, les deux corps se rapprochaient, la fille avait ce frémissement des hanches qui la collait au corps de S.., qui ne la refusait en rien. Ses mains la tenaient dans le dos, et elle regardait ses mains. Belles mains aux doigts longs et fins, à limage de ce S
dont elle savait quelle était ni plus ni moins que tombée sous le charme en une danse et puis cest tout. Et soudain, elle imagina ces mains sur son propre dos et la chaleur lenvahit, elle continuait à regarder ses mains et elle se mit à les sentir, troublant, elle avait la sensation réelle quelles étaient sur elle, et quelles lui faisaient partager un moment de sensibilité et de sensualité partagées. Le rythme chaloupé de la musique se prolongeait et son imagination esquissa une danse beaucoup plus suggestive, un corps à corps allongé, quelle chassa légèrement dun coup daile, comme ce petit oiseau des îles dont elle aimait le nom portugais« beijaflor », ces danses latines decidemment étaient un passe pour une mer de sensations oubliées et pas très profondément enfouies
. Jai envie de baiser et pas quune fleur, elle ne se le formula pas dans ses termes, mais sil lavait invité une deuxième fois, elle naurait certes pas dit non
Il ne la réinvita pas, les contes de fées ne sont plus ce quils étaient mais elle distingua son sourire chaleureux en direction de la fille à la fin de la danse et, elle le comprenait tout à fait, quels bons moments ils avaient partagé à
trois.
Vraiment cétait une chouette idée de sêtre inscrite au cours de salsa, elle navait certes pas encore acquis le rythme de la danse, et de temps en temps, même assez fréquemment, ses pieds semmêlaient et elle recomptait 1 2 3 5 6 7, 1 2 3 5 6 7, un dile que no pour retomber ses pattes, clôturé par un guapea mais quest-ce que cétait formidablement joyeux, et coloré et savoureux ces échanges de corps qui se frôlaient et se quittaient, certaines combinaisons étant plus heureuses que dautres, même les fiascos étaient drôles (enfin pour elle, ça elle en était au moins sûre).
Sur la pointe des pieds, je te quitte, te retrouverai-je, peut-être, peut-être pas et ce nest pas un problème
.
Le tournoiement des jupes en soie, il fallait acheter des chaussures, des petites chaussures à talons si féminines, me déguiser en femme, me sentir femme enfin, ces bottines étaient bien trop chaudes, et quelle idée davoir mis ce jean épais, pourquoi pas du velours la fois prochaine ? Elle était en nage, mais navait quune envie continuer de tournoyer
Une nouvelle danse. Cétait une bachata, elle aimait le son tintinanbullesque de cette mélodie, alors elle fila vers un autre cavalier dont elle avait déjà testé la douceur et le calme, Veux-tu danser ? Elle reçut un magnifique sourire en réponse, et cétait parti. Mais que lui arrivait-il, quelle nouille, elle faisait nimporte quoi alors que les pas de base étaient dune simplicité enfantine par rapport à la salsa, arghh, elle ratait tout, cétait lui avec son sourire charmeur, il lui faisait encore plus deffets que S
, il avait une douceur extrême qui la faisait chavirer
Le bato coule, qui la sauverait du naufrage ?! Et bien lui aussi pardi ! Soudain elle sentit une main ferme dans son dos et cette fermeté la surprit et la remit daplomb. Il la guidait vraiment, elle se sentait encadrée et empêchée de repartir dans le mauvais sens et elle fut surprise dadorer cela, dêtre guidée, elle adora être guidée par lui et elle adora la danse quils partagèrent un moment, un trop bref moment comme le bref échange qui suivit. Selon ses dires, il préférait la bachata à la salsa, et il avait bien raison, il y excellait.
Après ça, elle se reposa
Et but, de leau, de leau et encore de leau
Vivre damour et deau fraiche, à bien y regarder, ça pouvait se translater vers vivre de danses et deau fraiche, peut-être pas tous les soirs ni toutes les nuits mais deux nuits par semaine, mon dieu quelle est belle
Elle souriait les nuits de salsa sont des bijoux aux éclats lumineux qui ne brillent quune nuit, le lendemain, il na plus rien quune écume de souvenirs sensuels et légers
Les nuits de salsa sont les écrins des jours qui passent, cachés sous lécrin, il y a des trésors qui nattendaient quà être redécouverts et ressentis
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