Amis (-ies) lecteurs,
Étant particulièrement en rade d'inspiration en ces temps de morosité frileuse, je vous retranscris ici cette nouvelle (éditée en plusieurs parties) rédigée par un ami lors de ses vertes années estudiantines. Voulant soumettre ces quelques textes à l'approbation éclairée de quelques lecteurs, il m'a sollicitée pour que je l'édite sur ce site afin de requérir l'avis du plus grand nombre et aussi diversifié que possible.
Il va de soi que toute ressemblance avec des personnages fictifs ou non, ne serait que fortuite, cette nouvelle n'étant qu'une édition "littéraire".
Je la soumets donc à votre attention, et vous remercie d'emblée pour lui ainsi que pour les avis qui ne manqueront pas, j'en suis sûre, d'essaimer suite à cette première lecture :
« La vieillesse, quant à lordre de lexistence terrestre, est un passé sans avenir. Elle représente trop vivement la condition humaine, pour que son aspect nimportune pas lhomme ».
LAMENAIS
" Je tenais une forme surprenante ce matin. Là, comme jétais, je me sentais dans létat de faire des folies de mon corps. Cest tout dire, mon petit être fragile bouillait dénergie. Vraiment, tout à ce moment paraissait uni pour que la journée fusse formidable : mon mental flottait entre deux courants doxygène pur, ma bonne vieille carcasse de vingt-quatre ans avait avalé son bol de Nandrolone et ses tartines dE.P.O., le ciel était absolument magnifique comme rarement je navais pu lobserver, les filles superbes, et mon dilettantisme en plein essor.
Mon intuition me trompait assez peu souvent. Cétait parfaitement normal puisque cette charmante somme toute du genre féminin ! ne sillustrait quau travers de labstraction ; rien à voir avec les attrapes cons du style grande blonde sexy, montée code civil et cerveau dépressurisé
En elle, javais une relative confiance.
Ouaips, ça fleurait bon la foutue journée ! ! !
Lemploi du temps de oisif que je me plaisais à supporter, se déterminerait assez rapidement, je me faisais confiance.
Une fois arrivé en ville, la coutume veut que je mengage à masseoir sur la terrasse de mon troquet, petit bourgeois intello, favori, en face du palais de justice, afin dy prendre un petit noir et son cher frère bien serrés. Ce rituel mest sacré. Je le plaçais alors, entre prières je-men-foutiste et foi en un dandysme décadent dont je me portais le garant de la mémoire, en égard à Oscar Wilde. De plus, cette position en terrasse interpelle mon voyeurisme détudiant désappris.
Je me délecte à observer le quidam, sa gestuelle, ses vêtements, sa façon de parler, de marcher, de regarder ou mépriser ses congénères. Je me sens comme assis au centre dune des pièces magiques du Louvre, sur des coussins de tussor cardinal, lil admirant, contemplant amoureusement, le défilé de toutes les uvres, toutes ces jeunes filles quelles naient que 13, 16, ou 35 ans avec leur jupette qui vole, suivant la grâce de leurs hanches ; vulgaires, distinguées, nymphettes ou junkies ; quelles soient posées sur les marches du tribunal, les mollets luisants au soleil et lair dattendre que le temps freine sa course ; quelles soient appuyées contre une vitrine ou sous labri dun bus ; quelles courent, traînent des pieds, contemplatives ou affairées, coquines ou BCBG ; lensemble de ces merveilles me nourrit tout en me volant un rien de mes réserves damour, que jaime offrir à leur insouciance. Seulement, je les regarde et me laisse imaginer les séduire
Ensuite, jabandonnerai mes pas à la rencontre dun parc, y trouverai un banc public pour y bouquiner le Plexus de Miller, quune semaine avant javais commencé. Toujours mon regard séchauffera, lespace métamorphosé étant ! Un musée suivrait peut-être celui des Beaux Arts puis un ou deux cafés me prépareraient à laventure de quelques boutiques.
Finalement, pour clore cette écrasant jeudi, je verrais mes amis dans notre Q.G éthylique communautaire.
Ce serait une journée bien remplie, un marathon effréné nayant pour seul but que loubli de mon ennui, mentor extrême de ma solitude et de mon apathie.
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Tout aurait dû se passer fabuleusement
Mais, cétait sans compter sur ma tête de linotte qui a ce défaut, domettre systématiquement les rendez- vous ainsi que les autres évènements prévus depuis plus de vingt-quatre heures.
Dieu a dit quaujourdhui , ce serait jour de compassion lacrymale et de gérontophilie familiale.
Mon grand-père de soixante-sept ans venait de passer larme à gauche, un lundi dil y avait alors trois jours. Ce vieux débile, retraité chemineau de la Nationale Senekefe narrêtait pas de se précipiter et de sinventer les moindres prétextes à suser les os. Dans cette boite de bons à rien, il sy était épuisé pendant quarante ans, ce qui lui avait quelque peu encrassé les neurones, doù ces quelques déraillements de décrépi sénile.
Vous connaissez les ouvriers ! Du premier janvier au trente et un décembre, ils râlent parce quils triment comme des chevaux de trait durant toute leur vie, exploités par le lobby sanguinaire du grand méchant patronat. Dès quils sont en retraite sans ne plus avoir de compte à rendre à quiconque, ils ne trouvent rien de mieux que de brancher les turbines puissances dix, désespérés quils sont de se découvrir incapable de foutre autre chose que de travailler comme les bêtes de somme, quils sont en réalité. Des fourmis dans un jardin, qui tourneraient au fond de leur baraquement tout juste payé et qui commence à se casser la gueule. Du désespoir prolétaire vieillissant. Des pavés élimés pour panzers défraîchis ressuscités. De la chair à Grosse Bertha
Les voilà nos vieux de sous-classe, qui se sont transformés en fleurs fanées dhumus ; eux, les vainqueurs de laustro-moustachu hystérique dun mètre vingt, en chemise brune.
A soixante-sept printemps, ce cher vieux a voulu raccrocher les rideaux de la porte fenêtre qui donnait sur le salon ; pour ce faire, il navait dautre risque que de grimper sur un escabeau, quil avait trafiqué lui-même, haranguant que maintenant, ce que lon achetait « nétait pas du boulot ! »
Je veux bien, mais il nempêche que ça lui aurait peut-être évité de se vautrer, et de se tuer, le cou brisé par un pot, quun splendide ficus embellissait. La faucheuse na eut quà écarter les bras pour emporter son âme dintrépide vieillard buté !
Que voulez-vous, à cet âge-là, les cartes vermeilles nen font quà leur tête ! Quoique vous leur disiez, rien à faire, ils sen foutent, lair inspiré de ne pas comprendre !
Dans cette satanée histoire, ce qui mennuyais le plus était le jour de la crémation. Cette après-midi à quinze heures. Je serais obligé de me manger les larmoiements convulsifs dune famille dont je me rabattais les
Toutes ces conneries allaient mettre mon après-midi en lair !
Je rageais dautant plus que la crémation minspirait le plus vif dégoût. Tu te traînes ton corps pendant quatre-vingt piges, changeant une pièce ici ou là, de temps en temps, le nourrissant, lentretenant ; et lon voudrait me faire croire que ce produit gastronomique de qualité première, au combien contrôlé, devrait échapper au ver affamé du tiers monde souterrain, pour polluer la couche dozone, déjà bien esquintée.
Décidément, lhomme napprendra jamais rien !
Un ami à moi, qui avait, pour le plaisir, suivit quatre premières années de médecine et deux de physique, mapprit à mon grand étonnement ! que le trou dans la couche dozone, provenait des flatuosités des vaches, moutons, chèvres, légionnaires, et autres homo sapiens, ainsi que des traditions ridicules perpétuées tout au long de lhistoire, par les peuplades métèques dont le vice cabochard nest autre que de brûler leurs morts sur des bûchers. En quarante-cinq, le juif, la tante et le tzigane avaient salement dégagé en dioxyde de carbone à cause de la frivolité de ces abrutis de boches industrieux
NON, jinsiste, rien ne peut valoir la terre nationale pour un cadavre !
A lépoque où tout doit être coordonné sur le recyclage, ce décret me semble être dun minimum écologique
Les machines fonctionnant au charbon de bois sont loin désormais ; alors, entasser les dépouilles à seule fin de les traiter comme combustible se révèle obsolète, et pas commode : cest que débiter un mec refroidi en dassez minces morceaux pour être balancés à la pelle dans le fourneau, na rien dévident. Et puis, cest pas hygiénique, maintenant une goutte de sang peut vous faire sauter comme une bombe
Lhygiène, cest important ! Il y a certaines choses avec lesquelles je refuse de plaisanter !
Merde, le vingt et unième siècle a sonné ! De quoi aurons-nous lair quand les petits hommes venus de lespace débouleront de leur galaxie lointaine, avec leur supertechnologie et leurs grosses têtes pleines dintelligence, si nous nous servons des vieux crevés et des accidentés pour chauffer nos maisons en kit. Non, ça fera mauvais effet ! Et puis, la morale réprouve, nous ne tournons pas le remake de Soleil Vert !
Le corps ne peut être considéré comme étant une marchandise. En faire valoir lintérêt commercial est choquant, surtout si le dit corps est aussi froid quun inuit.
Autour de la mort dun être humain, tout un rituel sétablit, et cela depuis que lhomme est Homme. Sa conscience préfigure son frein au bonheur, qui le pousse ostensiblement vers la précipitation, à seule fin de vivre au mieux, sans ne jamais perdre de vue consciemment ou non que la mort reste présente, toute prête à vous attendre. Cet état primaire de conscience créa le personnage imperceptible de Dieu, en mobile convenu dimmortalité dune partie spéculative quil est aisé de nommer âme. Cest en ce genre de croyance et en cette peur de se gourer que lhumanité a imaginé ce cuculte, afin de célébrer à lunisson de son ignorance, le tombeau de ses angoisses et lavènement de sa vie éternelle.
Le libertin ne saffirme que sous la cagoule postiche de son snobisme, soit disant et forcément intellectuel, purement fortuit et misérablement absurde. Il ne suffit pas dadmirer Casanova et de se coincer un fume cigarette dans le beffrois pour se targuer de libertinage ; ceci, insoutenable, naugure quune fanfaronnade de littéreux imbécile ! Lapproche de la mort le lui enseignera, nue de toutes bottes de cuire ! Lagonie, voilà un cours que beaucoup finiront par suivre. Peut-être même tout à lheure
"
(A suivre...)
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