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Auf Wiedersehen Grand-Père par Hannah51

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Amis (-ies) lecteurs, Étant particulièrement en rade d'inspiration en ces temps de morosité frileuse, je vous retranscris ici cette nouvelle (éditée en plusieurs parties) rédigée par un ami lors de ses vertes années estudiantines. Voulant soumettre ces quelques textes à l'approbation éclairée de quelques lecteurs, il m'a sollicitée pour que je l'édite sur ce site afin de requérir l'avis du plus grand nombre et aussi diversifié que possible. Il va de soi que toute ressemblance avec des personnages fictifs ou non, ne serait que fortuite, cette nouvelle n'étant qu'une édition "littéraire". Je la soumets donc à votre attention, et vous remercie d'emblée pour lui ainsi que pour les avis qui ne manqueront pas, j'en suis sûre, d'essaimer suite à cette première lecture : « La vieillesse, quant à l’ordre de l’existence terrestre, est un passé sans avenir. Elle représente trop vivement la condition humaine, pour que son aspect n’importune pas l’homme ». LAMENAIS " Je tenais une forme surprenante ce matin. Là, comme j’étais, je me sentais dans l’état de faire des folies de mon corps. C’est tout dire, mon petit être fragile bouillait d’énergie. Vraiment, tout à ce moment paraissait uni pour que la journée fusse formidable : mon mental flottait entre deux courants d’oxygène pur, ma bonne vieille carcasse de vingt-quatre ans avait avalé son bol de Nandrolone et ses tartines d’E.P.O., le ciel était absolument magnifique comme rarement je n’avais pu l’observer, les filles superbes, et mon dilettantisme en plein essor. Mon intuition me trompait assez peu souvent. C’était parfaitement normal puisque cette charmante – somme toute du genre féminin ! – ne s’illustrait qu’au travers de l’abstraction ; rien à voir avec les attrapes cons du style grande blonde sexy, montée code civil et cerveau dépressurisé… En elle, j’avais une relative confiance. Ouaips, ça fleurait bon la foutue journée ! ! ! L’emploi du temps de oisif que je me plaisais à supporter, se déterminerait assez rapidement, je me faisais confiance. Une fois arrivé en ville, la coutume veut que je m’engage à m’asseoir sur la terrasse de mon troquet, petit bourgeois intello, favori, en face du palais de justice, afin d’y prendre un petit noir et son cher frère bien serrés. Ce rituel m’est sacré. Je le plaçais alors, entre prières je-m’en-foutiste et foi en un dandysme décadent dont je me portais le garant de la mémoire, en égard à Oscar Wilde. De plus, cette position en terrasse interpelle mon voyeurisme d’étudiant désappris. Je me délecte à observer le quidam, sa gestuelle, ses vêtements, sa façon de parler, de marcher, de regarder ou mépriser ses congénères. Je me sens comme assis au centre d’une des pièces magiques du Louvre, sur des coussins de tussor cardinal, l’œil admirant, contemplant amoureusement, le défilé de toutes les œuvres, toutes ces jeunes filles – qu’elles n’aient que 13, 16, ou 35 ans – avec leur jupette qui vole, suivant la grâce de leurs hanches ; vulgaires, distinguées, nymphettes ou junkies ; qu’elles soient posées sur les marches du tribunal, les mollets luisants au soleil et l’air d’attendre que le temps freine sa course ; qu’elles soient appuyées contre une vitrine ou sous l’abri d’un bus ; qu’elles courent, traînent des pieds, contemplatives ou affairées, coquines ou BCBG ; l’ensemble de ces merveilles me nourrit tout en me volant un rien de mes réserves d’amour, que j’aime offrir à leur insouciance. Seulement, je les regarde et me laisse imaginer les séduire… Ensuite, j’abandonnerai mes pas à la rencontre d’un parc, y trouverai un banc public pour y bouquiner le Plexus de Miller, qu’une semaine avant j’avais commencé. Toujours mon regard s’échauffera, l’espace métamorphosé étant ! Un musée suivrait – peut-être celui des Beaux Arts – puis un ou deux cafés me prépareraient à l’aventure de quelques boutiques. Finalement, pour clore cette écrasant jeudi, je verrais mes amis dans notre Q.G éthylique communautaire. Ce serait une journée bien remplie, un marathon effréné n’ayant pour seul but que l’oubli de mon ennui, mentor extrême de ma solitude et de mon apathie. * * * Tout aurait dû se passer fabuleusement… Mais, c’était sans compter sur ma tête de linotte qui a ce défaut, d’omettre systématiquement les rendez- vous ainsi que les autres évènements prévus depuis plus de vingt-quatre heures. Dieu a dit qu’aujourd’hui , ce serait jour de compassion lacrymale et de gérontophilie familiale. Mon grand-père de soixante-sept ans venait de passer l’arme à gauche, un lundi d’il y avait alors trois jours. Ce vieux débile, retraité chemineau de la Nationale Senekefe n’arrêtait pas de se précipiter et de s’inventer les moindres prétextes à s’user les os. Dans cette boite de bons à rien, il s’y était épuisé pendant quarante ans, ce qui lui avait quelque peu encrassé les neurones, d’où ces quelques déraillements de décrépi sénile. Vous connaissez les ouvriers ! Du premier janvier au trente et un décembre, ils râlent parce qu’ils triment comme des chevaux de trait durant toute leur vie, exploités par le lobby sanguinaire du grand méchant patronat. Dès qu’ils sont en retraite – sans ne plus avoir de compte à rendre à quiconque, ils ne trouvent rien de mieux que de brancher les turbines puissances dix, désespérés qu’ils sont de se découvrir incapable de foutre autre chose que de travailler comme les bêtes de somme, qu’ils sont en réalité. Des fourmis dans un jardin, qui tourneraient au fond de leur baraquement tout juste payé et qui commence à se casser la gueule. Du désespoir prolétaire vieillissant. Des pavés élimés pour panzers défraîchis ressuscités. De la chair à Grosse Bertha… Les voilà nos vieux de sous-classe, qui se sont transformés en fleurs fanées d’humus ; eux, les vainqueurs de l’austro-moustachu hystérique d’un mètre vingt, en chemise brune. A soixante-sept printemps, ce cher vieux a voulu raccrocher les rideaux de la porte fenêtre qui donnait sur le salon ; pour ce faire, il n’avait d’autre risque que de grimper sur un escabeau, qu’il avait trafiqué lui-même, haranguant que maintenant, ce que l’on achetait « n’était pas du boulot ! »… Je veux bien, mais il n’empêche que ça lui aurait peut-être évité de se vautrer, et de se tuer, le cou brisé par un pot, qu’un splendide ficus embellissait. La faucheuse n’a eut qu’à écarter les bras pour emporter son âme d’intrépide vieillard buté ! Que voulez-vous, à cet âge-là, les cartes vermeilles n’en font qu’à leur tête ! Quoique vous leur disiez, rien à faire, ils s’en foutent, l’air inspiré de ne pas comprendre ! Dans cette satanée histoire, ce qui m’ennuyais le plus était le jour de la crémation. Cette après-midi à quinze heures. Je serais obligé de me manger les larmoiements convulsifs d’une famille dont je me rabattais les… Toutes ces conneries allaient mettre mon après-midi en l’air ! Je rageais d’autant plus que la crémation m’inspirait le plus vif dégoût. Tu te traînes ton corps pendant quatre-vingt piges, changeant une pièce ici ou là, de temps en temps, le nourrissant, l’entretenant ; et l’on voudrait me faire croire que ce produit gastronomique de qualité première, au combien contrôlé, devrait échapper au ver affamé du tiers monde souterrain, pour polluer la couche d’ozone, déjà bien esquintée. Décidément, l’homme n’apprendra jamais rien ! … Un ami à moi, qui avait, pour le plaisir, suivit quatre premières années de médecine et deux de physique, m’apprit – à mon grand étonnement ! – que le trou dans la couche d’ozone, provenait des flatuosités des vaches, moutons, chèvres, légionnaires, et autres homo sapiens, ainsi que des traditions ridicules perpétuées tout au long de l’histoire, par les peuplades métèques dont le vice cabochard n’est autre que de brûler leurs morts sur des bûchers. En quarante-cinq, le juif, la tante et le tzigane avaient salement dégagé en dioxyde de carbone à cause de la frivolité de ces abrutis de boches industrieux… NON, j’insiste, rien ne peut valoir la terre nationale pour un cadavre ! A l’époque où tout doit être coordonné sur le recyclage, ce décret me semble être d’un minimum écologique… Les machines fonctionnant au charbon de bois sont loin désormais ; alors, entasser les dépouilles à seule fin de les traiter comme combustible se révèle obsolète, et pas commode : c’est que débiter un mec refroidi en d’assez minces morceaux pour être balancés à la pelle dans le fourneau, n’a rien d’évident. Et puis, c’est pas hygiénique, maintenant une goutte de sang peut vous faire sauter comme une bombe… L’hygiène, c’est important ! Il y a certaines choses avec lesquelles je refuse de plaisanter ! Merde, le vingt et unième siècle a sonné ! De quoi aurons-nous l’air quand les petits hommes venus de l’espace débouleront de leur galaxie lointaine, avec leur supertechnologie et leurs grosses têtes pleines d’intelligence, si nous nous servons des vieux crevés et des accidentés pour chauffer nos maisons en kit. Non, ça fera mauvais effet ! Et puis, la morale réprouve, nous ne tournons pas le remake de Soleil Vert ! Le corps ne peut être considéré comme étant une marchandise. En faire valoir l’intérêt commercial est choquant, surtout si le dit corps est aussi froid qu’un inuit. Autour de la mort d’un être humain, tout un rituel s’établit, et cela depuis que l’homme est Homme. Sa conscience préfigure son frein au bonheur, qui le pousse ostensiblement vers la précipitation, à seule fin de vivre au mieux, sans ne jamais perdre de vue – consciemment ou non – que la mort reste présente, toute prête à vous attendre. Cet état primaire de conscience créa le personnage imperceptible de Dieu, en mobile convenu d’immortalité d’une partie spéculative qu’il est aisé de nommer âme. C’est en ce genre de croyance et en cette peur de se gourer que l’humanité a imaginé ce cuculte, afin de célébrer à l’unisson de son ignorance, le tombeau de ses angoisses et l’avènement de sa vie éternelle. Le libertin ne s’affirme que sous la cagoule postiche de son snobisme, soit disant et forcément intellectuel, purement fortuit et misérablement absurde. Il ne suffit pas d’admirer Casanova et de se coincer un fume cigarette dans le beffrois pour se targuer de libertinage ; ceci, insoutenable, n’augure qu’une fanfaronnade de littéreux imbécile ! L’approche de la mort le lui enseignera, nue de toutes bottes de cuire ! L’agonie, voilà un cours que beaucoup finiront par suivre. Peut-être même tout à l’heure…" (A suivre...)

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