La Bête par GILLDA 3

Je me suis une nouvelle fois, fourvoyée dans l’impossible, croyant sans un soupçon de doute, à ces instants sublimes, sans qu’un soupçon de raison ne freine cet élan fou, de t’avoir à moi, ma Bête, rude à apprivoiser, silencieuse et tapie dans je ne sais quel fourré. J’avais envie de séduire, mais pas n’importe qui, ni n’importe comment, mais avec ma manie de nager dans l’impossible, c’est toi qui m’arrive, toi et tes mots à faire vibrer mes secrets, toi et tes bras de brute inassouvie, toi et tes lèvres entrouvertes sur le baiser qu’on attend, ça m’a fait rêver bien bien haut, t’idéaliser bien bien fort comme j’aime le faire, loin des histoires construites, bâties pierre après pierre, à grand coup d’apprentissage de l’autre………je ne veux quant à moi que du sublime et je l’ai eu. Et je t'ai encore, je sens rugir ton souffle à l'odeur agnelle sacrifiées sans combat ni défense, plante tes crocs dans ma gorge, tu y puiseras ma force, bête contre bête, seules nos armes diffèrent, elle n'ont de commun que la sauvagerie Lire ma victoire dans ton regard vaincu par ton sexe moite, sentir mon abandon sous ton ventre dur, nous avons gagné. Je t'ai, tu m'as........ loin des artifices, loin de ce toi, de ce moi policés, civilisés. Qui aurait pu croire que derrière tes gestes galants, tes attentions d'un autre siècle se cachait........ Qui aurait pu croire que derrière mon regard fardé, mes sourires et ma féminité se planquait....... Il aura fallu ce soir au ciel de loup-garou.......mes feulements de plaisir à la lune, tes grognements de bête repue. Si je t'aime, quelle question, comme tout ce qui nous fait nous dépasser, comme tout ce qui nous fait aller plus loin que plus loin, sans autre mot que nos chairs et nos griffes. Moi, reins enserrés entre tes pattes qu'on dirait d'ours, fouaillée, sublimée par la beauté de ton outil de chair à la douceur inattendue de jade. Toi, emprisonné dans mes étaux bras et cuisses dont la force te surprend. Pas question d'écrin de velours, de satin et dentelles mais de grotte aux aspérités inconnues, de sentes secrètes où l'on s'avance avec la prudence du chasseur qui ne veut pas rater son gibier Ton abandon vaut tous les aveux, ne dit rien, je sais tout déjà, ton corps parle mille mots, décline à l'infini l'amour que tu viens chercher, nul besoin de mots dans cette course où monture et cavalier s'enchevautrent, ils franchiront ensemble la ligne d'arrivée dans une écume sauvage. T'échapper de moi, tu n'y songes pas même si ton corps empêche l'air d'arriver, je me nourris du tien « si tu bouges, je te tue ». Dompté, tes paumes contre les miennes, tu me restes, lèvres collées à mon cou, qu'ai-je besoin d'air. Cette harmonie furieuse, ancestrale, désirée de toutes mes forces, m'en offre plus que mes poumons ne sauraient en contenir. Mais je sens que je redeviens Femme. Pars, Pars, la femelle s'efface, la chair devient peau, la douceur revient. Ce ce que nous voulons, nous le savons et l'avons su avant même cette nuit de loup garou : le cœur, les tripes et l'âme, pas moins Pars, avant que la morsure de mes baisers ne redeviennent baisers. Pars je sens aussi que tu redevient homme policé, aux gestes trop doux, ton regard de loup s'affadit, pars avant de redevenir un parmi d'autres, moi je te veux unique, ma Bête. Pars, notre couche redevient lit, il n'y a que seule que je m'y sens bien. Je resterais dans ta moiteur, le ventre luisant, cuisses et fesses meurtries. Je ne suis pas de celles pour qui l'amour est bon avant et sale après. Je lècherais sur mes doigts ta semence avant qu'elle ne sèche, garder encore le goût de tes entrailles. Pars et laisse moi le plaisir d'attendre la Bête, juste le temps d'allumer et d'éteindre la femme aux artifices, le temps de redevenir Femelle sous ton joug. Demain, il sera temps, en attendant, laisse moi dormir sur nous et ferme la porte comme tu sais le faire, en laissant sur la poignée la promesse d'un prochain retour « à bientôt ma sauvage » !