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Entre chien et loup..... par THEO1890

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Entre chien et loup…… Le ciel qui m'accompagnait ce jour à mon retour était tourmenté, à la fois sombre sur fond parfois d'un blanc lumineux; les nuages gris-noirs galopaient à toute vitesse telles des walkyries échevelées, chevauchant leurs lutines montures, les menant à travers la plaine.... un tableau de tragédie mais époustouflant quand de la route je plongeai vers la plaine, les yeux à hauteur, du moins en était-ce l'impression, de ces vierges guerrières, servantes d'Odin...une belle impression d'une agitation céleste ...mais comme j'aime le noir et blanc, comme dans mes tableaux, et toutes leurs nuances, elle me plut énormément... La campagne commençait son lent travail de somnolence, des quelques échoppes, boulangerie ou autre éphémère épicerie, sortaient à pas pesants et lourds, de quelque poids des ans surchargés, des silhouettes chancelantes, épousant de leur regard les venelles abruptes qui montaient, là –haut où l’allure imposante et massive d’une église romane ,quelque peu défraîchie par l’ennemi, et depuis restaurée, conservant son visage altier mais froid du silence de Dieu, afin d’y deviner je ne sais quel vil mendiant ou chat égaré… Dans l’unique taverne, la machine à café devait être froide depuis que le dernier client avait opté pour un autre breuvage, qui lui tiendrait mieux en bouche, et dont les vitamines enveloppantes lui chatouilleraient avec délicatesse ces parties sensibles où la langue a accès pour enlever certaines impuretés de nourriture, d’où sortaient aussi avec profusion des onomatopées, seules de lui connues ou reconnues. Dans l’air qui éclairait mal les verres de bière et qui porte encore les traces d’un lavage rapide, d’autres, assez gras et très typiquement violets attaquent chacune de leurs rares phrases par ces formules « moi, j’ai eu peur de leur dire aux flics .. » . Le sermon détaille les injustices, des retraits pour vitesse excessive, ici dans ce fin fond de France, des semonces vexatoires, qui en ont détourné plus d’un de la fierté d’être natif de ce terroir, de ce beau pays… C’est l’instant, où la lune n’a pas encore posé son regard inquisiteur, à l’abri du regard de leur tendre et chère, ou de leur maman, pour certains, qui ont oublié de se défaire de leur cordon, ou qui n’ont pu s’en délier à tout jamais et qui restent, chose amorphes, parfois impassibles, parfois étonnamment révoltés devant tant de liberté libre jamais vécue …. Oui, c’est l’instant des interrogations à propos de la démocratie et de la république… Les gens d’ici, sont partout les mêmes, la semaine ils vivent de peu, et se grisent le dimanche, mais celui- ci se fait quotidien, les havres de paix et de méditation sont orphelins à présent de leurs logorrhées ou de leurs silences incompris. A trois ou quatre soupirs du pastis, la mélancolie des lieux, du passé qui résiste, et des abrutis, comme moi, qui les dévisage avec peine, leurs regards inquisiteurs sonnant le glas des illusions, faisant de leur identité d’errance malheureuse, et de leur voix qui fléchit sous le poids des cas de conscience, de piètres sauveurs d’une campagne blottie dans une nation qui s’interroge. Ils tournent le dos à la rue dans la perspective de l’anisette, n’ont plus le courage de la férocité, renversent leur tête en arrière et, finissant leur bière, pas celle du jour dernier, profitent du mouvement pour jeter un coup d’œil à l’horloge, là-haut, qui ne se presse pas, pas plus de soixante secondes à la minute.. Ils ruminent les erreurs, les fiascos, les embuscades multiples, sur ces routes de campagne, entre chien et loup, ils s’épuisent à rester droit avant de s’émanciper tels des fantômes aux gestes vifs, aux lèvres endolories, marquées par une cigarette restée trop longtemps comme un symbole d’émancipation précoce. (….) De retour, seul, dans mes vieilles pierres, je me sens à l’abri et mes pensées peuvent vagabonder et s’en aller au-delà des frontières, penser à l’autre, celle qui peint, qui écrit, qui lit, qui s'épuise peut -être de l'éternelle caresse du temps, à ces voiles qui virevoltent, qui pour séduire m’entourent, m’effleurent, sont irrésistibles de douceur et parfumés à l’envi , dévoilent parfois l’impudeur de son décolleté, pour moi réservé, reflètent l’ardeur des flammes de l’âtre et la douce lumière des bougies … que ses lèvres fines et délicieuses de tendresse épousent les filaments du jour agonisant mais prometteur de Beauté. Beaurieux_2014_01_10

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