- Marc Touati, directeur adjoint de Global Equities, salle de marché renommée sur la place de Pari sourit doucement : «le Prop Trading (effectué sur les fonds propres dune banque) est réduit à la portion congrue dans toutes les salles de marché de la planète ! - effectuer des opérations à hauteur de lintégralité du capital dune banque est totalement impossible !»
- Au sein de Trading Places, salle de marché indépendantes des banques, où gravite certains des meilleurs traders de Paris, les langues se délient : «peut-être Jérôme Kerviel a-t-il triché, peut-être a-t-il pris des positions risquées, masqué ses comptes, manipulé ses mails, il doit être sanctionné pour cela, mais, ce qui est sûr, cest que le directeur de la salle de marché et sa hiérarchie ne pouvait quêtre au courant de ces agissements et quils ont laissé faire !»
- Philippe Dessertine, professeur à lInstitut des Hautes Finances est encore plus explicite et évoque lune des raisons qui ont pu pousser la Société Générale à vouloir se couvrir coûte que coûte en faisant porter le chapeau à leur trader : «il faut savoir que la Société Générale est cotée sur les marchés financiers américains, une condamnation prouvant leur responsabilité aurait fait chuter la valeur du cours les représentants des actionnaires du groupe bancaire étaient très attentifs à lécoute de la décision judiciaire, prêts à intenter une Class Action (1) contre lui !» - cette précision na été apportée dans aucun média.
Voilà sans doute la véritable raison de laccusation portée uniquement contre le trader. Si la banque avait été à un quelconque moment accusée dêtre responsable de la perte financière, non seulement son cours aurait chuté sur les marchés, mais, elle se serait retrouvée à devoir rembourser lintégralité de la somme à ces actionnaires.
Soit, 4.9 milliards (pertes initiales) + 4.9 milliards (remboursement au titre de la Class Action) 1.7 milliards (réductions dimpôts pour pertes exceptionnelles) = 8.1 milliards. Impensable !
Philippe Dessertine nest pas dupe, il sait que la Société Générale ment, mais, demande tout de même le procès technique de la finance mondiale, pour «éviter que demain dautres Kerviel puissent à nouveau sévir !».
- Marc Fiorentino, directeur de salle de marché est plus direct encore : «Arrêtons les contes pour enfant du genre Oui-Oui fait du trading ! Quiconque a travaillé dans le milieu de la finance spéculative sait la hauteur du mensonge du groupe bancaire !»
Il ne comprend pas comment Kerviel aurait pu masquer durant des mois de telles fraudes sans être découvert.
«Il nétait quun trader junior qui ne pouvait pas dépasser 125 millions deuros de positions !» - «il ne pouvait en aucun cas aller au-delà sans une autorisation expresse de son supérieur hiérarchique !»
«Comment la Société Générale peut-elle expliquer le silence total des systèmes dalarme informatiques intégrés dans toute salle de marché, visant à empêcher toute prise de risque excessive ?» - Il sourit.
Pour avoir manqué dattention dans leur contrôle, les dirigeants de la Société Générale ont écopé dune amende de 4 millions deuros, et pour avoir menti sur les raisons dune perte de 4.9 milliards deuros, ils viennent de se voir rembourser 1/3 de cette perte : 1.7 milliards deuros en réductions dimpôts au titre des pertes exceptionnelles.
Si Jérôme Kerviel avait réussi malgré des prises de risques inconsidérées, à faire gagner de largent à son employeur, gageons que la direction lui aurait attribué en grande pompe la médaille du trader de lannée.
Moralité : au grand casino de la finance mondialisée, le bluff est un atout maître. Mais, dans les hautes sphères de l'Etat et les salles de marché, personne nest dupe.
"Plus un mensonge est gros et répété souvent, plus le peuple le croit !" Joseph Goebbels.
(1) un procès intenté par un groupe de personnes ayant toutes subies un même préjudice, dans le but de se voir rembourser intégralement la somme perdue.
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