« L’Homme qui marche » d’Alberto Giacometti par Bluelight

Cet Homme qui marche Il se déplace les mains libres, rien ne l’encombre, rien ne l’entrave. Son pas est décidé. Silhouette légère, filiforme qui dégage une force. Ce n’est pas la tête qui impose le rythme, c’est l’être tout entier qui déplace un souffle d’air. Il est bien ancré dans sa sécurité de base, ce socle qu’il semble avoir incorporé à sa marche. Il est sorti de son immobilisme pour s’étonner, s’interroger, bouger. Il regarde le monde sans se laisser distraire. Il repense sa marche et son rôle dans la société, sa conscience en éveil, en mutation. Il voit s’ouvrir devant lui un avenir à penser, un temps à traverser, une énergie à dépenser, un but à poursuivre. Il est de son siècle. Il en dit l’inquiétude d’être, la solitude, la force et la fragilité, la difficulté d’aller à la rencontre de l’autre. Il exprime aussi la dignité et l’espoir de l’homme face à lui-même, en marche vers son nouveau destin. L’homme qui marche, c’est une synthèse de force qui tend à produire un équilibre sur les déséquilibres constants que constitue le mouvement d’être en marche. C’est un nomade qui a connu plusieurs exils et errances. Il a distillé les mémoires ancestrales. Il a raffiné sa pierre brute. Il est son œuvre d’art, à la fois le créateur et le produit de sa création. Dans sa verticalité oblique, il emprunte la ligne droite. Pourtant il n’est pas pressé. Il vient de quelque part et semble aller ailleurs sans hésiter. Peu importe d’où il vient et où il va. Il a la solidité de celui qui en a vu d’autre. Il a la résilience de celui qui refuse de s’arrêter, qui se porte en avant, toujours plus loin, vers ce qui l’attire. C’est comme si le mouvement d’être en marche d’un pas juste est plus important que sa destination. Celle-ci recule au fur et à mesure qu’il avance. C’est la nature même du jeu et ce qui le rend heureux Et il avance, ce funambule. Il a rendez-vous avec lui-même. P.S. Je vais essayer de mettre la photo de cette scupture dans ma galerie de photos