Complètement décalé et "déchronisé", la mâchoire carrée, la gueule géante, des sourcils sévères, le nez grimaçant, petite corpulence, du stress à en revendre et un regard intrusif qui perce lâme, avec son petit côté à la fois monarchiste et anarchiste (oui, je sais, cest troublant). Enfin, faux air danarchiste et vrai air de légitimiste.
Une sorte dHenri Vincenot côté cinéma. La ruralité, il connaissait bien parce quil avait fait des études dagriculture et quil était passionné par les chevaux, au point de participer à des concours hippiques (et passionné aussi par les Bugatti, mais cest une autre histoire). Il se destinait à la sculpture et à la peinture alors quon laurait voulu pharmacien.
Et là, en allant à Bègles, près de Bordeaux, personne.
Pas une âme qui vive qui se rappelle le comédien.
Personne pour son centenaire ce mercredi.
Personne non plus à Ponsampère, dans le Gers.
Le pauvre homme est allé fleurir dautres lieux le 28 août 2005.
Quatre-vingt-onze ans. Donc.
Jacques Dufilho, au patronyme impossible à orthographier correctement du premier coup, est de ces seconds rôles qui passent et se font oublier par les jeunes générations. Je ne lai pas oublié, car je ladorais. Un film avec Dufilho, cétait la garantie que même un navet serait appétissant.
Javais parlé dautres seconds rôles, au regard humain et attendrissant, comme
Jacques François :
http://www.pointscommuns.com/jacques-francois-commentaire-cinema-108718.html
Hubert Deschamps :
http://www.pointscommuns.com/hubert-deschamps-commentaire-cinema-109047.html
Dufilho avait bien connu lHubert, ils faisaient des sketchs ensemble juste après la guerre, dans dobscurs cabarets.
Ah, je suis très injuste.
La "critique" avait au contraire largement encensé Dufilho.
Cest même prodigieux :
Deux césars du meilleur second rôle en 1978 et 1981.
Sept dor du meilleur acteur de télévision en 1988.
Molière du meilleur comédien en 1998.
Clap clap clap !
Plus de cent soixante films (ou téléfilms), dont "Pétain" (1993) et le Commissaire Juve dans "Fantomas" (en 1980), et plus de cinquante représentations théâtrales dont "LAvare" qui fut un très grand succès en 1962.
Je nai pas vu "Chut !" de Jean-Pierre Mocky (sorti le 23 mars 1972) qui paraît excellent en duo avec un merveilleux compère, Michael Lonsdale (avec Philippe Castelli en ministre). Cest lhistoire dune escroquerie assez classique et elle devait dabord sappeler "Pavane pour un crétin défunt ". Tiens, jaurais pu utiliser cette expression pour mon titre, mais ce nétait pas un crétin.
Je recommande par ailleurs un film que jai beaucoup aimé et qui est peu connu, "Ce cher Victor" de Robin Davis (sorti le 21 mai 1975) où il tient la première place aux côtés de Bernard Blier, un coup de deux vieux qui se détestent et veulent pourrir la vie de lautre (Philippe Castelli y tient également un rôle).
Le web napporte pas beaucoup de diversité aux rares scènes en ligne.
Jai retenu celles-ci.
"Victorine et la visite du château" (26 octobre 1957) :
http://www.youtube.com/watch?v=xCKlxf5xeco
"Les Loups" (16 février 1969) :
http://www.youtube.com/watch?v=MyFCkO-oejU
"Le Paysan prisonnier" (16 février 1969) :
http://www.youtube.com/watch?v=yElCGgt3W90
"Les Bidasses en folie" (1973) :
http://www.youtube.com/watch?v=BvDV1dIvrr8
"Ce cher Victor" (21 mai 1975) :
http://www.youtube.com/watch?v=b7J2rdxs9zQ
"Milady" (1975) :
http://www.youtube.com/watch?v=DsEyHudWjuM
Interview sur "Cest quoi la vie" (1998) :
http://www.youtube.com/watch?v=e157SSTzqUg
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