J'ai assisté hier à la pièce de théâtre "Norma Jean" adaptée par John Arnold du roman "Blonde" écrit par Joyce Carol Oates.
John Arnold définit sa pièce comme un conte moderne qui n'est pas de fée loin de là... Les partitions de chaque acteur étant le reflet d'un caractère, d'une pensée d'un désir, d'une thématique, se déclinant à travers plusieurs rôles.
Sur scène, évoluent cinq actrices, sept acteurs et le metteur en scène qui se trouve dans le public et qui intervient également au cours de la pièce. Ce qui lui confère un caractère tout à fait novateur inattendu. Le jeu des comédiens est rapide, léger, enlevé, extrêmement physique. Les tableaux, les décors, les costumes, les sons, la musique, tout est rythmé, orchestré, les situations s'enchaînent à merveille.
Le fond de la pièce est tragique avec cependant beaucoup de situations cocasses qui font sourire ou même rire parfois.
On découvre Blonde à travers quatre âges de sa vie ; à 6 ans tiraillée entre sa mère et sa grand'mère, à la recherche de son père et cherchant son identité.
L'état de santé de la mère nécessitant le placement de la petite Norma Jean, elle vit quelques années dans un orphelinat puis dans une famille d'accueil qui, de peur qu'elle ne se retrouve enceinte, la marie à dix-sept ans.
Le jeune mari la photographie dans leur intimité et fait prendre conscience à la jeune épousée de son corps harmonieux convoité par d'autres hommes...
Puis après un premier divorce, elle pose nue pour des calendriers pour la modique somme de cinquante dollars.
Enfin, jeune actrice, puis star, statut qui la conduira à sa chute après différents mariages ou liaisons notamment avec Di Maggio, A. Miller, les frères Kennedy, Zanuck.
"Le combat acharné qu'elle a dû livrer dès ses premières années, sa survie d'abord, puis sa vie à laquelle elle cherchait à donner un sens à travers l'amour, son désir éperdu d'être mère, la fatalité ou le destin lui interdisant l'accès à une vie simple pour la conduire dans la cage de la gloire, et la réduire au statut peu enviable d'icône sexuelle et finalement la mort comme échappée ultime"
Elle a été formatée par des hommes pour le regard des hommes, pas seulement... Au cours de sa descente aux enfers, on réalise à quel point elle a été utilisée pour servir les fantasmes des hommes et enrichir les producteurs.
Je suis sortie, complètement bouleversée, après trois heures de spectacle intense, dur, violent, dérangeant, qui interpelle, car il engage une réflexion pour des êtres vulnérables que nous sommes quant à cette quête d'amour qui nous mène parfois sur des chemins tortueux.
Certaines situations nous ramènent à notre propre questionnement et montrent bien ce que les femmes sont capables de faire, d'accepter, d'endurer, même, au nom de l'amour, sans parler toutefois de célébrité, de dépendance à l'alcool ou à la drogue...
Me vient soudain une interrogation : si Norma Jean -Marilyn Monroe- avait été mère, aurait-elle été réconciliée avec la vie ?
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